Meurtre dans la baignoire

Voici le 1er épisode des aventures de Mérédith, une jeune femme qui commet des meurtres, parfois sans aucune prémiditation, pour le moins bizarres…

BRUXELLES. – Hier matin, après s’être aventurée seule en territoire ennemi, une femelle moustique a succombé aux attaques démesurées d’une jeune humaine d’une trentaine d’année…

Il devait être aux environs de 7 heures 30, hier matin, lorsqu’un moustique d’âge indéterminé a pénétré par effraction dans un petit appartement au centre de la capitale.

Alors que Mérédith L., une femelle humaine d’une trentaine d’années, prenait une douche, l’infortuné moustique s’est introduit par un interstice du rideau de plastique rose qui masquait à la vue du chaland « fureteur » le corps de sa propriétaire.

D’ores et déjà, sa mort était annoncée.

Certaine d’atteindre sa cible sans subir de dégât corporel, la femelle (information scientifique transmise par la DelInVol – Délégation des Insectes Volants : seules les femelles moustique piquent pour se nourrir, les mâles se contentent du nectar des fleurs) a poursuivi son but sans peur  et sans reproche.

Mais c’était sans compter sur la phobie qui s’empare de Mérédith L. L’accusée souffre en effet de terreur impulsive et d’actes non contrôlés dès que sa vision détecte une araignée, un faucheux ou un insecte aux longues pattes, telle notre femelle moustique (celle-ci pourvue de pattes démesurément longues et d’un corps épais, brun et noir).

Né sans doute sous le signe de la malchance, l’insecte ne connaîtra pas l’ivresse due à l’absorption du sang particulièrement sucré de Mérédith. Sa famille le regrettera sans doute… ou pas… Qui sait ? Seul le Dieu des moustiques connaît la réponse.

Toujours est-il qu’après s’être posé maladroitement sur le rideau de douche, juste sous le nez de Mérédith, le moustique prit subitement conscience de son erreur. D’un geste savamment calculé et sans la moindre hésitation, même si d’une main tremblante, l’humaine déplaça le pommeau de sa douche sur l’animal.

Le moustique savait là sa fin imminente.

Toutefois, il eut le temps d’émettre une courte prière et de penser à sa petite soeur, morte par écrasement, (la veille au soir), par une pantoufle tueuse.

Projetée par le jet d’eau à une centaine de pattes, cette gigantesque mais néanmoins gracieuse moustique heurta le fond de la baignoire pendant que des milliers de « missiles à tête chercheuse » la frappaient, tels des projectiles de pointe. Une patte fut même arrachée sous la puissance du choc. Juste avant de perdre conscience, notre pauvre moustique se jura de ne plus jamais oublier cette arme redoutable.

Rapidement, l’animal se dirigeait inexorablement vers le Trou Sans Espoir, le gouffre de la mort.

Mais vue sa taille impressionnante, la victime gisait là, une aile dans l’égout, l’autre en-dehors, le corps balançant au rythme des terribles gouttes d’eau meurtrières.

Mérédith L., prise sur le fait, (le cadavre encore visible dans la baignoire à l’arrivée de la femme de ménage), devrait toutefois s’en sortir sans peine de prison. En effet, la jeune femme a fait preuve de remords, elle dit avoir regretté son geste.

Le fait que la victime soit aussi entrée chez elle sans son consentement devrait également jouer en sa faveur.

Les voisins prédisent une sentence proche de celle qui a été prononcée lors de l’assassinat d’un faucheux, l’été passé, à savoir la condamnation pour le coupable de rédiger un article sur la victime et à présenter publiquement ses excuses à la famille entière de ce pauvre moustique.

Dernière minute: la peine pourrait être allégée, car on aurait trouvé une lettre du moustique expliquant sans équivoque son intention de sucer le sang de Mérédith L.. De plus, la victime ferait partie du gang des MouVoN – Moustiques Volontairement Nuisibles ! Les excuses publiques ne devraient donc pas être exigées.

Un bic grossier et un rêve brisé

Voici deux courts textes écrits à l’occasion de mon atelier d’écriture.

1) donnez vie, faite découvrir l’histoire de l’objet que vous avez pioché au hasard dans la boîte à idées. –> un bic

Voici un bic qui …

–          STOP ! Je t’arrête tout de suite. On dit Monsieur le Bic s’il te plaît.

Bon, reprenons. Voici Monsieur le Bic qui est là, couché devant moi et qui me demande d’écrire son histoire.

De mémoire, je ne me souviens même plus quand est-ce que ce Monsieur et moi-même avons fait connaissance. Pourtant, un si petit bic n’est pas courant, en tous les cas pour moi, chez moi…

Si vous me permettez, je vais d’abord vous le décrire.

Il mesure environ huit centimètres. Il est en métal argenté mais quelques dorures, d’éclat un peu terne à certains endroits, habillent son corps. Le capuchon est tout aussi grand que le corps et il n’écrit plus malgré la réserve d’encre qu’il a encore en lui. Cela doit donc faire bien longtemps qu’on ne l’a plus utilisé.

–          Trop longtemps en effet. Hélas…, gémit doucement Monsieur le Bic.

Et en fait, je vais vous confesser quelque chose : ce bic ne m’inspire pas autre chose. Son histoire sera brève car j’y mets ici même son point final.

–          Saleté de +!…L#

Ah ! Ben voilà sans doute, certainement, la raison pour laquelle on ne l’utilise plus : trop grossier. Vulgaire même !

2) écrire un texte avec une liste de mots choisi à partir du lieu dans lequel nous sommes : un restaurant. Y introduire un intrus donné par une autre participante.

J’ai choisi le mot VERRE et ma liste était :

Boisson, alcool, rêve, fragile, vaisselle, rondelle de citron, casse, tasse, fond.

Et mon mot intrus était LUNDI

Ceci est une conversation entre plusieurs verres, d’âges, de formes, de castes différents. Le premier qui parle, c’est mon « héros » :

–          J’vous jure les gars, demain, j’me casse d’ici !

–          Ouais, ouais, c’est ça. Cause toujours le vieux. T’avais déjà dit ça hier, avant-hier et même la semaine dernière… On t’croit plus mon gars.

–          Nan, on te croit plus. Va t’laver, t’auras sans doute les idées plus claires après le passage dans l’évier ha ha ha…

–          Si, si, hips, j’vous jure. Je m’casse de cte resto. Y’en a marre à la fin. Toujours la même rondelle de citron qu’on m’fourre dans le gosier. Toujours le même alcool que j’ingurgite hips. Mais j’ai des rêves moi. Oui, des rêves !

–          Ah ouais ? Et lesquels on peut savoir Monsieur le Verre ?

–          Je rêve de voyages, d’alcools exotiques qui me piquent les parois – et pas ce jus de chaussettes qui commence sérieusement à hips, à m’écœurer. Je rêve d’un autre monde, là où les verres ne sont pas fragiles, où ils ne se cassent pas, où…

–          Et ça, ça s’appelle un gobelet, imbéverre ! ha ha ha

–          Jaloux ! T’es jaloux, c’est tout ! hips Demain, lundi, j’me casse.

Demain arrive…

Personne n’a entendu le moindre bruit cette nuit. Et pourtant…

–          Eh ! Les gars ! Venez vite ! L’Verre, il s’est cassé !

–          C’est pââ vrai ? Il l’a fait ? Vraiment fait ?

–          Siiii, il est plus là, j’vous dis.

–          Il est fort. Oui très fort. J’laurais pas cru !

… Personne ne remarque les débris de verre qui jonchent le sol.

Pauvre Monsieur Verre… rêve brisé !

Extraits de Mes animaux imaginaires

Dans ce premier recueil, 28 petits textes se partagent les 90 pages. Voici quelques extraits choisis :

Monsieur Rougegorge a froid

– Papa, tu as vu ? Il neige ! Il neige pour Noël ! Ça, c’est la fête.

– Oui, fiston, j’ai vu. Si tu veux, on peut faire un petit bonhomme de neige !

– Oh oui, chouette alors ! »

Alors que Pierre s’apprête pour sortir, un petit oiseau brun et orange se pose sur la table du jardin et, de ses petits yeux, regarde sur la table et par terre s’il n’y a rien à se mettre dans le bec. Dehors, il fait froid et les flocons de neige tombent et fondent sur le petit corps de l’oiseau.

– Tu es prêt, Pierre ? Je t’attends

– Oui mais, papa, tu as vu à la fenêtre ? Un Rougegorge. Il a l’air d’être malade, il ne bouge pas beaucoup.

– Oui, en effet, il a certainement froid…et peut-être aussi faim ! Tu veux l’aider ou tu préfères ton bonhomme de neige ?

Léon

Sur le chemin de terre qui mène à une ferme, il y a un petit hérisson penseur. Il trouve que le temps se rafraîchit bien vite et qu’il serait temps pour lui de chercher un abri pour hiberner tranquillement. Il marche à son aise, faisant bouger ses picots à droite puis à gauche. À la vitesse à laquelle il avance, il risque fort de ne pas arriver dans son jardin favori avant le lever du jour. Soudain, un bruit fort le met en boule. Il ne bouge plus, tétanisé par ce qu’il vient d’entendre. Ça ressemble étrangement à un coup de fusil. L’éclat recommence et on dirait même qu’il se rapproche. Léon, le petit hérisson, ose relever la tête et avance un peu plus vite. Il est presque drôle à courir ainsi. Mais il a peur.

Sassi le serpent sans dent

Il était une fois dans une forêt, un
drôle de serpent. Sassi, c’est son nom, est triste depuis qu’il a perdu ses dents de lait. Sa maman lui a toujours dit de cacher les dents qui tombent, sous son oreiller. Ainsi la petite souris passe, prend la dent et laisse derrière elle un merveilleux cadeau. Mais Sassi a toujours faim…aussi à chaque fois que passe une souris, il la mange ! Si bien qu’à la fin, toutes ses dents de lait sont tombées et aucune souris n’a survécu au passage de l’oreiller. Pour le punir de sa goinfrerie, Sassi n’a pas vu repousser la moindre nouvelle dent d’adulte dans sa belle bouche et n’a jamais appris à étouffer une proie.

Le lac des souhaits

Dans la forêt voisine, vit un petit oiseau extraordinaire. Il s’appelle Sylvain. C’est un oiseau de la taille d’un pigeon mais au plumage flamboyant de roux et de jaune. Il a toute l’élégance d’une hirondelle et il est aussi souple qu’une mésange. Très attentif à son plumage et à sa réputation, c’est le plus grand séducteur de la forêt. Sylvain est un animal très dynamique. Il ne peut s’empêcher de marcher ou de sautiller à tout moment de la journée. Et quand, enfin, il prend le temps de s’arrêter, sa longue queue, elle, continue de bouger. Hélas, il a un gros problème. Livré à lui-même depuis son enfance, il n’a jamais apprit à voler !

– Si seulement je pouvais trouver le mode d’emploi, cela m’éviterait bien des misères, se répétait-t-il, sans cesse. En vain, il ne trouve décidément pas la technique pour décoller. Têtu, il essaye une nouvelle fois mais sans succès. Epuisé par cette dernière tentative, il glisse de son perchoir et chute assez maladroitement. Il se fait très mal à la tête. Depuis ce moment, allez savoir pourquoi, il se prend pour un chat !


Hugo le train

…Pendant ce temps-là, Hugo est en visite. Grâce à ses phares puissants, il ne craint pas de rouler la nuit. Hélas, son trajet doit le faire passer dans le nouveau tunnel. Ça par contre, il n’aime pas. Il préfère les grands espaces et il a peur de sentir à l’étroit ou de se retrouver dans un endroit confiné. (Lui, est, ce qu’on appelle un claustrophobe). Il ralentit lorsqu’il arrive à proximité du long tunnel. Il ne veut pas y pénétrer mais il n’a pas le choix, il n’y a pas d’autres chemins qui conduisent au centre commercial. Dans ses wagons, les clients commencent à s’impatienter. Ce qu’ils prennent pour un séisme n’est rien d’autre que les roues tremblantes d’Hugo. Des passagers réguliers qui connaissent très bien Hugo, viennent le voir dans la cabine. Ils lui parlent d’une voix douce. Ils tentent tant bien que mal de le rassurer et de le guider vers le tunnel. Il n’y a rien à faire, Hugo a bien trop peur. Sa frayeur est si grande, qu’il s’arrête net…
Julie lit la pâtisserie

…Comme tous les enfants de son âge, Julie aime les bonbons et autres biscuits sucrés. Elle adore jouer à saute-mouton, rigole beaucoup avec ses petits camarades et se méfie du grand méchant loup. Hélas, elle n’arrive pas à déchiffrer les merveilleuses histoires que sa maman lui raconte, le soir, avant d’aller dormir. Trop distraite par mille choses intéressantes, Julie n’a pas encore réussi à lire un mot, aussi court soit-il.

Puis un jour, alors qu’elle est toute seule dans sa chambre, elle tombe de fatigue et s’endort dans un profond sommeil. Immédiatement, des rêves viennent occuper toutes ses pensées. Alors que tout semble calme dans ce songe, une douce musique titille ses oreilles et l’amène à se lever du lit de coquelicot sur lequel elle est assise…

Noémie est accro

Ses doigts longs et fins triturent le bas de son gilet blanc. La tirette émet un petit cliquetis aigu et régulier. Son cœur bat un peu plus rapidement, sa respiration se fait plus haletante. Elle hésite à rentrer, à franchir le pas de la boutique.

Comme chaque jour, cet instant qu’elle attend depuis le matin devient une vraie obsession. Elle sait que ce n’est pas bien, elle sait qu’elle est accro et elle sait qu’elle doit pouvoir y résister. Mais comment peut-elle s’imaginer freiner cette terrible envie qui lui ronge l’estomac depuis qu’elle a trois ans ?

Bouba l’oiseau magicien

Cette histoire est dans mon premier recueil : « Mes animaux imaginaires »

Bouba est un drôle d’oiseau. Tu l’as sûrement déjà rencontré dans la rue, j’en suis sûre. Bouba est un oiseau très commun, mais la plupart du temps, les gens passent à côté de lui sans même lui jeter un seul regard. Bouba est une corneille. Un beau et jeune mâle d’une saison (trois mois en langage d’homme) qui n’attend qu’une chose : avoir fini sa croissance.

Tu ne vois pas à quoi ressemble ce drôle d’oiseau ? Et bien je vais t’en faire une rapide description et avec ça, je suis certaine que tu vas me dire que tu l’as déjà croisé sur le chemin de l’école ou même dans ta rue.

Bouba est noir, de la tête aux pattes. Il est plutôt grand et il se balade souvent en compagnie d’autres camarades tout aussi noirs que lui. Il se déplace souvent en marchant et parfois il fait entendre sa drôle de voix quand il joue et vole dans les airs. Enfin bon, cette description, je dois bien l’avouer, est juste quand Monsieur Bouba veut bien se laisser voir de la sorte. Car vois-tu Bouba aime se déguiser. Oui, il adore la magie. Depuis tout petit, depuis sa sortie de l’oeuf en fait, il veut devenir un magicien. Il veut voir plein de couleurs autour de lui. Il veut impressionner, il veut intriguer, il veut être celui que tout le monde admire. Ses parents ont beau essayer de lui expliquer qu’il est ce qu’il est et que rien n’y changera, Bouba, têtu, ne les écoute pas. Bouba n’est décidément pas un oiseau comme les autres.

Son premier tour de magie, il le fait sur lui. Il badigeonne son plumage de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et met des lentilles bleues dans ses yeux. Il couvre sa tête d’un chapeau cerise et parle en chantant.

— Maître corbeau sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître renard par l’odeur alléché lui tint à peu près ce langage…..

Personne ne le reconnaît et tout le monde le regarde avec de grands yeux tout ronds. C’est qu’il est rigolo avec ses taches un peu partout sur le corps et son étrange regard azuré. Mais, très vite, il change d’avis. On rigole tellement de lui que ça ne l’amuse plus. On le prend plus pour un clown que pour un magicien. Il décide alors de faire ses tours de passe-passe sur les autres.

Un jour, alors qu’il se repose dans un parc et qu’il se dore au soleil, il croise un groupe de pies. C’est, à ce qu’on dit dans le village, les filles les plus bavardes et les plus bruyantes. Et c’est bien vrai ! Ces demoiselles parlent à haute voix afin que tout le monde les entende. Elles n’hésitent pas à commérer les pires histoires et on les soupçonne même d’inventer des ragots ! C’est ce jour-là que Bouba apprend qu’un jeune garçon vient d’être grondé par ses parents parce qu’il a fait pipi sur lui. Le petit enfant n’a que trois ans et ses parents sont très stricts avec lui.

Fils unique, Timothy est souvent puni pour des bêtises d’enfant. Mais quoi de plus normal de faire des bêtises à son âge ? Quoi de plus naturel que d’être un enfant insouciant ?

Ce matin-là, Timothy accompagne ses parents à une réception. Son père qui lui demande de se tenir bien sage et de ne pas lui faire honte devant son patron, ne prête aucune attention à lui. Personne ne joue avec lui. Il s’ennuie et passe son temps à boire des limonades et à écouter les conversations des grands. Mais quand, après avoir vidé trois verres de jus de pommes, le petit garçon supplie son père pour lui poser une question, il est discrètement, mais fermement repoussé à l’écart par une main grande et froide. Timothy ne peut plus se retenir pour faire pipi et il n’ose pas demander à sa maman. Il n’ose plus depuis qu’il a entendu sa maman dire qu’il était un grand garçon et qu’il pouvait se débrouiller tout seul.

Timothy fait les cent pas dans le salon, à la recherche des toilettes. Il est timide et ne pense même pas à parler aux inconnus. Désespéré de ne pas les trouver, il se dirige dans le jardin, tente de se faufiler derrière les grands buissons quand son père le bouscule et le force, de la main sur la tête, à avancer. La dernière tentative de Timothy à s’expliquer reste en suspens, car son père estimant qu’il n’avançait pas assez vite lui tire l’oreille et l’emmène dire bonjour à son patron. Il est trop tard. Dans les derniers mètres qui les séparent de l’employeur de son papa, Timothy mouille son petit slip. Une grande auréole tache son pantalon en jeans et une petite flaque glisse à ses pieds devenus raides de peur et de honte. Pour ne pas faire mauvaise impression devant son big boss, le père ne gronde pas son fils. Hélas, il se rattrape une fois qu’ils sont arrivés à la maison. Non seulement Timothy est grondé sévèrement, mais pour la deuxième fois de la semaine, il reçoit une fessée magistrale. Et sans les langes pour le protéger, cela lui fait terriblement mal. Le petit garçon n’espère plus qu’une seule chose : retrouver sa chambre et surtout son lit pour pleurer et pour dormir. Il aime dormir, car il fait de jolis rêves dans lesquels il s’imagine une autre vie.

Bouba qui a vent de cette histoire par les demoiselles les pies, se promet de faire quelque chose pour aider ce pauvre petit garçon.

Le soir même de cette punition injuste, le drôle d’oiseau noir se faufile dans la chambre des parents de Timothy. Ce premier soir, il ne fait rien. Il prend ses repères et scrute les moindres détails de la chambre à coucher. Il compte le nombre de pas et de coups d’aile qui le sépare de la grande fenêtre et enregistre dans sa tête le trajet et le temps qui lui faut pour s’enfuir à toute hâte.

Le lendemain, il se cache dans les rideaux et les fait bouger du bout des rémiges. Mais ce petit geste ne perturbe pas le moins du monde les parents. Sans doute mettent-ils cela sur le compte du vent, car ils ferment de suite les fenêtres et enfilent un peignoir.

Le troisième soir, Bouba décide qu’il est grand temps d’user de ses talents. D’un tour d’aile, il fait valser un splendide vase en porcelaine qui est sur la commode, en face du lit. D’un simple regard, il allume un feu d’artifice dans la chambre. Le cri aigu de la maman réveille en sursaut son époux. La femme commence à s’inquiéter et ses mains tremblent de peur.

Le quatrième soir, l’énorme miroir de l’armoire à vêtements vole en éclats et les mille morceaux se répandent sur et dans le tapis. Une peur folle se lit désormais dans les yeux de la madame tandis que le monsieur persévère à trouver réponse à ces drôles d’événements.

Le cinquième soir, au moment d’allumer les lampes de chevet, les plombs de toute la maison sautent ! Les piles des lampes de poche sont plates et les mèches des bougies en cire refusent de prendre feu. Ça commence à en être de trop pour la maman de Timothy. Elle ordonne à son mari de trouver une solution sinon elle exige un déménagement ! La crise de nerfs de la maman passe, le père se recouche alors que Timothy ne comprend rien à ce qu’il se passe, mais laisse un sourire se dessiner sur ses lèvres quand il voit sa maman gronder son papa.

Bouba rigole, son plan marche à la perfection. Plus qu’un ou deux tours et il vengerait Timothy.

Le septième jour, alors que tout semble calme dans la demeure, Bouba rentre dans la pièce, devenue si familière. Depuis cette nuit, le père dort seul dans le grand lit conjugal, son épouse a préféré dormir cette nuit et jusqu’à ce que tout cela s’arrête, chez ses parents.

L’homme ne semble pas se soucier de ce qu’il va se passer, il dort d’un profond sommeil. Bouba s’approche sur la pointe des pattes du lit. Du bout du bec, il retire tout délicatement la boule d’ouate qui se trouve dans l’oreille de l’humain. Ensuite, le grand magicien avale le contenu d’un drôle de récipient rouge, gonfle son torse, ouvre largement son bec et pousse un cri aussi effroyable qu’étonnant. Il vide tout l’air de ses poumons et s’envole en toute hâte. Un épais brouillard s’installe dans la chambre et le cri résonne dans la pièce devenue vide et noire.

Saisi dans ses rêves, l’homme est pris de panique et se réveille en sursaut dans un lit mouillé. Il lui faut un temps assez long avant de comprendre ce qu’il vient de lui arriver : il a tellement peur qu’il fait pipi dans son lit ! Bouche bée, il ne réalise pas ce qu’il se passe et se sent complètement perdu, désorienté et seul.

Timothy est lui aussi réveillé et court dans la chambre de ses parents. Quand l’enfant découvre la trace informe de l’urine sur le lit, il lève la tête et pose des yeux interrogateurs à son papa. L’homme, ce père si fort, devient tout rouge et confus. Il n’ose soutenir le regard de son fils et détourne la tête.

Depuis cet instant, plus jamais Timothy n’est grondé pour quoi que ce soit par son papa et sa maman a, comme par enchantement, retrouvé tout l’amour et la protection qu’elle lui donnait quand il n’était qu’un nouveau-né. Aussi grand soit-il devenu, Timothy retrouve les bras doux et apaisant de sa maman.

Dehors, un oiseau noir croasse de bonheur.

Recueil Mes animaux imaginaires

Je vous présente mon tout premier recueil : Mes animaux imaginaires » suivi de « A la rencontre de mon imagination »

4ème de couverture par l’éditrice :

« « Mes animaux imaginaires » par Cécile Ramaekers,
A la frontière entre l’imaginaire et l’empathique, Cécile Ramaekers donne vie à la matière, parole aux animaux et pensées aux éléments…pour le plus grand plaisir de nos bambins puisque ses récits adoptent, pour le moins, un monde fabulatoire où seuls nos enfants ont accès. C’est 90 pages de contes, de plaisir et …d’imaginaire !

« Mes animaux imaginaires » se dénoue en deux parties : l’une s’adresse aux enfants de 3 à 5 ans dans laquelle l’auteure déploie toute sa sensibilité et son savoir-faire en matière de contes où les acteurs ne sont autres que des animaux. Adelin le lapin, Léon le hérisson, Sassi le serpent, petit Pierre et le rouge-gorge… autant de personnages parmi tant d’autres auxquels Cécile Ramaekers donne habilement vie et pensées, pour le plus grand plaisir des plus petits !

La deuxième partie ou « A la rencontre de mon imagination » s’adresse à de jeunes lecteurs de 6 à 9 ans… l’auteure n’hésite pas, ici encore, à nous surprendre de par son style parant ses « autres nouvelles ou histoires courtes » d’une chute toujours surprenante devenant au fil des pages, fort attendue. »

Disponible chez moi au prix de 10 euros hors frais d’envoi. Contactez-moi pour plus d’infos !

EXTRAITS :

Dans ce premier recueil, 28 petits textes se partagent les 90 pages. Voici quelques extraits choisis :

Monsieur Rougegorge a froid

– Papa, tu as vu ? Il neige ! Il neige pour Noël ! Ça, c’est la fête.

– Oui, fiston, j’ai vu. Si tu veux, on peut faire un petit bonhomme de neige !

– Oh oui, chouette alors ! »

Alors que Pierre s’apprête pour sortir, un petit oiseau brun et orange se pose sur la table du jardin et, de ses petits yeux, regarde sur la table et par terre s’il n’y a rien à se mettre dans le bec. Dehors, il fait froid et les flocons de neige tombent et fondent sur le petit corps de l’oiseau.

– Tu es prêt, Pierre ? Je t’attends

– Oui mais, papa, tu as vu à la fenêtre ? Un Rougegorge. Il a l’air d’être malade, il ne bouge pas beaucoup.

– Oui, en effet, il a certainement froid…et peut-être aussi faim ! Tu veux l’aider ou tu préfères ton bonhomme de neige ?

Léon

Sur le chemin de terre qui mène à une ferme, il y a un petit hérisson penseur. Il trouve que le temps se rafraîchit bien vite et qu’il serait temps pour lui de chercher un abri pour hiberner tranquillement. Il marche à son aise, faisant bouger ses picots à droite puis à gauche. À la vitesse à laquelle il avance, il risque fort de ne pas arriver dans son jardin favori avant le lever du jour. Soudain, un bruit fort le met en boule. Il ne bouge plus, tétanisé par ce qu’il vient d’entendre. Ça ressemble étrangement à un coup de fusil. L’éclat recommence et on dirait même qu’il se rapproche. Léon, le petit hérisson, ose relever la tête et avance un peu plus vite. Il est presque drôle à courir ainsi. Mais il a peur.

Sassi le serpent sans dent

Il était une fois dans une forêt, un drôle de serpent. Sassi, c’est son nom, est triste depuis qu’il a perdu ses dents de lait. Sa maman lui a toujours dit de cacher les dents qui tombent, sous son oreiller. Ainsi la petite souris passe, prend la dent et laisse derrière elle un merveilleux cadeau. Mais Sassi a toujours faim…aussi à chaque fois que passe une souris, il la mange ! Si bien qu’à la fin, toutes ses dents de lait sont tombées et aucune souris n’a survécu au passage de l’oreiller. Pour le punir de sa goinfrerie, Sassi n’a pas vu repousser la moindre nouvelle dent d’adulte dans sa belle bouche et n’a jamais appris à étouffer une proie.

Le lac des souhaits

Dans la forêt voisine, vit un petit oiseau extraordinaire. Il s’appelle Sylvain. C’est un oiseau de la taille d’un pigeon mais au plumage flamboyant de roux et de jaune. Il a toute l’élégance d’une hirondelle et il est aussi souple qu’une mésange. Très attentif à son plumage et à sa réputation, c’est le plus grand séducteur de la forêt. Sylvain est un animal très dynamique. Il ne peut s’empêcher de marcher ou de sautiller à tout moment de la journée. Et quand, enfin, il prend le temps de s’arrêter, sa longue queue, elle, continue de bouger. Hélas, il a un gros problème. Livré à lui-même depuis son enfance, il n’a jamais apprit à voler !

– Si seulement je pouvais trouver le mode d’emploi, cela m’éviterait bien des misères, se répétait-t-il, sans cesse. En vain, il ne trouve décidément pas la technique pour décoller. Têtu, il essaye une nouvelle fois mais sans succès. Epuisé par cette dernière tentative, il glisse de son perchoir et chute assez maladroitement. Il se fait très mal à la tête. Depuis ce moment, allez savoir pourquoi, il se prend pour un chat !

Hugo le train

…Pendant ce temps-là, Hugo est en visite. Grâce à ses phares puissants, il ne craint pas de rouler la nuit. Hélas, son trajet doit le faire passer dans le nouveau tunnel. Ça par contre, il n’aime pas. Il préfère les grands espaces et il a peur de sentir à l’étroit ou de se retrouver dans un endroit confiné. (Lui, est, ce qu’on appelle un claustrophobe). Il ralentit lorsqu’il arrive à proximité du long tunnel. Il ne veut pas y pénétrer mais il n’a pas le choix, il n’y a pas d’autres chemins qui conduisent au centre commercial. Dans ses wagons, les clients commencent à s’impatienter. Ce qu’ils prennent pour un séisme n’est rien d’autre que les roues tremblantes d’Hugo. Des passagers réguliers qui connaissent très bien Hugo, viennent le voir dans la cabine. Ils lui parlent d’une voix douce. Ils tentent tant bien que mal de le rassurer et de le guider vers le tunnel. Il n’y a rien à faire, Hugo a bien trop peur. Sa frayeur est si grande, qu’il s’arrête net… Julie lit la pâtisserie

…Comme tous les enfants de son âge, Julie aime les bonbons et autres biscuits sucrés. Elle adore jouer à saute-mouton, rigole beaucoup avec ses petits camarades et se méfie du grand méchant loup. Hélas, elle n’arrive pas à déchiffrer les merveilleuses histoires que sa maman lui raconte, le soir, avant d’aller dormir. Trop distraite par mille choses intéressantes, Julie n’a pas encore réussi à lire un mot, aussi court soit-il.

Puis un jour, alors qu’elle est toute seule dans sa chambre, elle tombe de fatigue et s’endort dans un profond sommeil. Immédiatement, des rêves viennent occuper toutes ses pensées. Alors que tout semble calme dans ce songe, une douce musique titille ses oreilles et l’amène à se lever du lit de coquelicot sur lequel elle est assise…

Noémie est accro

Ses doigts longs et fins triturent le bas de son gilet blanc. La tirette émet un petit cliquetis aigu et régulier. Son cœur bat un peu plus rapidement, sa respiration se fait plus haletante. Elle hésite à rentrer, à franchir le pas de la boutique.

Comme chaque jour, cet instant qu’elle attend depuis le matin devient une vraie obsession. Elle sait que ce n’est pas bien, elle sait qu’elle est accro et elle sait qu’elle doit pouvoir y résister. Mais comment peut-elle s’imaginer freiner cette terrible envie qui lui ronge l’estomac depuis qu’elle a trois ans ?