Le cauchemar d’une carotte

Il était une fois une petite carotte bien sympa. Elle était belle, en bonne santé, pleine de vitamines et croquante à souhait. La vie lui souriait car elle avait été choisie par une adorable enfant à la couleur de cheveux presque aussi rousse qu’elle !

– Aah, le bonheur de se faire ôter la peau par un éplucheur si délicat, si économe. Un petit coup de couteau par le haut, un autre par le bas et me voilà prête à être dégustée sur-le-champ ! Je ne peux rêver meilleure fin que celle-ci, dit la petite carotte toute dure.

Alors que la moitié de sa famille était coupée en rondelle dans la casserole (l’autre attendant sagement accrochée encore à la botte par les cheveux), notre petite carotte bien sympa repensa béatement à sa vie. Elle était si heureuse qu’elle ne s’était jamais imaginée qu’elle serait la cause d’un événement pour le moins marquant dans la vie de la petite rouquine qui l’avait choisie.

Tout commença ce soir précisément. Entourée par une main d’enfant, notre petite carotte bien sympa se laissa aller à être grignotée, oubliant tout à fait la petite chose blanche qui bougeait par moment.

Mais cet oubli se fit rapidement rappeler à l’ordre.

– AIE ! Maman… maman… questionne l’enfant au regard un peu inquiet.

C’est là que la petite carotte fit connaissance avec dent de lait numéro deux, aussi appelée Incisive Junior, deuxième du nom.

Le petit bout de la petite carotte qui restait était toujours dans la paume de l’enfant mais la prise se faisait moins sûre, un peu hésitante même.

La maman sourit.

– Ouf! Cela n’a pas l’air grave, se rassure le petit bout de la petite carotte.

Mais…

Mais quand la maman touche Incisive Junior, elle dit à sa fille :

– Et bien voilà, il suffisait d’une carotte !

Et avec deux doigts, elle enlève la petite dent qui ne tenait plus beaucoup à présent.

L’enfant, fière d’avoir enfin une dent qui tombe « on ne peut plus naturellement » (sans devoir passer par un dentiste à cause d’un abcès), n’a plus aucun égard pour le petit bout de la petite carotte.

– NON ! NON ! pas la poubelle, supplie le reste du légume.

Hélas, sa prière ne fut pas entendue. D’un geste anodin, l’enfant lâcha ce qu’il avait en main.

Un petit bout orange fut ainsi projeté dans le gouffre révulsant de la poubelle à l’aspect écoeurant.

Il y en a ainsi dont la vie ne tient parfois qu’à une dent.

Un petit grain de rien du tout

Il était une fois un petit grain de rien du tout. Il n’avait pas de couleur, pas d’odeur. Pas de goût, pas de texture, pas de forme. Il n’avait rien. Il n’était rien.

Marre de passer inaperçu, il décida de changer d’aspect.

Car voyez-vous, il ne ressemblait à pas grand-chose mais il avait un grand pouvoir : celui de se transformer en n’importe quoi… pourvu qu’il reste un grain.

Il accosta un grain de sel, mais il n’aimait pas son goût.

Il héla un grain de riz, mais il ne voulait pas qu’on le cuit.

Il attrapa un grain de maïs, mais il détestait le jaune.

Il vola un grain de sable, mais il n’appréciait pas qu’on lui marche dessus.

Il croisa un grain sur une photo, mais il avait du mal de rester immobile.

Il remarqua un grain de beauté mais il refusa qu’on le touche ou pire, qu’on l’arrache.

Il se cogna sur un grain de blé mais il n’aimait pas sa forme.

Désespéré de ne pas trouver un petit nom à son grain, il hurla aussi fort qu’il pu.

Un humain, passant par-là, entendit comme un chuchotement au creux de son oreille. Soudain, le bipède fut prit d’un comportement hallucinant : il sauta, couru, fit la roue dans la rue et cela au moins cinquante-six fois en moins d’une heure.

Une journaliste qui filmait la scène n’arrêtait pas de dire que l’homme devait sans doute avoir un petit grain de folie.

A ces mots, notre petit grain sauta de joie.

– Folie ! Oh que ce mot est doux, joli, plein de poésie ! Oui, je veux être celui-là !

Depuis, il ne cessa de suivre de près tous les hommes et toutes les femmes un peu bizarres. Il avait enfin trouvé une raison de vivre !

Découvrez mon second recueil : un oiseau peut en cacher un autre

  Grâce à Isabelle – grand merci à toi ! – , je vous offre ces petits résumés de chacune de mes 13 nouvelles qui compose mon    second recueil : Un oiseau peut en cacher un autre… et autres contes pleins d’animaux.

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8 euros pour 160 pages d’évasion.

Rififi chez les mésanges

Sans que Pierre ne s’en aperçoive, une violente dispute éclate entre les mésanges de son jardin, et ceci pour une sombre histoire de perchoir.

Un tel vacarme fini par attirer un mystérieux et charismatique oiseau qui arrive à calmer les esprits. Les bébés peuvent enfin arriver …

Aphone

Troglo Dite, un petit oiseau à la voix envoûtante se retrouve aphone. Quel malheur ! Il ne sait faire que chanter et la saison des amours vient de débuter. Après plusieurs humiliations subies dues à son soudain handicap, le pauvre et si triste petit oiseau décide de s’exiler.

Il ignore que cet exil lui fera recouvrer sa délicieuse voix et rencontrer une charmante demoiselle tout aussi délicieuse …

Scar l’escargot

Scar l’escargot est myope. En plus, sa coquille est fêlée à vie !

Malgré la fragilité de son petit Scar, maman escargot pense qu’il est temps pour lui de prendre sa vie en main. Après tout, Scar est un petit escargot bien intelligent …

Scar a très peur de quitter sa maman. Mais Scar se révèle être très courageux seul dans cette nature hostile. Et au fil des nombreuses péripéties, Scar va apprendre à avoir confiance en lui et à se faire des amis …

La guerre des becs

C’est l’hiver et il neige. Les perruches envahissent le territoire et n’hésitent pas à déloger les heureux petits riverains de leurs chaleureux nids. C’est clair : les perruches ont décidé de chasser sans la moindre pitié tous les habitants du quartier.

Mais c’était sans compter sur l’intelligence et la détermination du Grand Sage et de nos petits amis à plumes … ou à poils …

Il est né … le terrible enfant !

Mademoiselle rousserolle est enfin maman. Elle a décidé de ne pas faire comme tout le monde. Elle est par conséquent obligée de quitter le nid, le temps pour elle de se ravitailler. Pendant ce temps, un œuf y sera échangé et elle n’y verra que du feu.

Enfin, jusqu’à l’éclosion …

Œil pour œil, bec pour bec

Mano, courageux oisillon prend le meurtrier de son frère en filature, un impressionnant rapace sans pitié, lui-même papa de trois bébés rapaces. Mano va alors élaborer un plan et venger ainsi les nombreux meurtres subis jusqu’alors au sein de la colonie. Grâce à l’ingéniosité et le courage des oiseaux de la rue des Moineaux, le rapace sera enfin pris alors qu’il croyait prendre … Cauchemar après lequel la rue des Moineaux retrouvera rapidement sa sérénité.

Le dernier des pétrels

Le prince des pétrels, un magnifique et majestueux oiseau plein de grâce s’éprend d’une … humaine ! Une étrange complicité va très vite s’installer entre l’oiseau et la ravissante jeune femme, cette humaine, qui en réalité, n’était pas moins que la future princesse du royaume …

Princesse Clématite

Comment sauver la princesse Clématite de la limace géante ? Et comment lui redonner le moral, elle qui se sent si seule, si inutile, après avoir vécu une si terrible histoire ? Heureusement, le peuple des ailes va voler à son secours. Mais c’est sans compter sur la détermination de la limace géante à exterminer la princesse Clématite …

Une histoire de lapin

C’est l’hiver. Il neige et il fait froid. Que ne ferait pas madame Valéria pour s’offrir un bon lapin ? Mais aïe aïe aïe, voilà que madame Valéria n’est pas seule sur le coup ! Heureusement, elle aura affaire un galant oiseau et pourra enfin se nourrir sans crainte d’être empoisonnée !

Il faut sauver le petit Dio

Dio, petit mâle albatros, fait malheureusement partie des nombreuses victimes du tsunami survenu au Japon. Il est littéralement épuisé et sa maman essaie désespérément de le sauver. Mais un miracle va se produire, une étrange apparition sous forme humaine viendra à eux,  sur cette plage dévastée par la catastrophe. Dans ce récit, nous verrons qu’une maman peut aller bien loin pour sauver son petit …

Les maisons-pomme

Dans cette forêt sacrée, deux clans se partagent le même village. Des hérissons et des écureuils cohabitent dans cet étrange village constitué de maisons-pomme. Mais une menace règne sur le village : les fourmis géantes dévoreuses de maisons-pomme ! Comment mettre fin à cette menace ? Les hérissons et les écureuils n’étant pas des mangeurs de fourmis …

Martinets cherchent toit pour nidification

C’est le printemps, et la pleine saison des amours pour nos amis les oiseaux. Depuis cinq ans, un groupe de six adultes revient chaque année au même endroit pour élever leurs petits, et ces oiseaux-là ne se posent que pour la reproduction. Mais l’endroit en question est déjà occupé. Heureusement, les spécialistes du logement vont les aider à trouver un autre endroit pour élever leurs bébés … Mais qui sont ces spécialistes du logement ? Deux gros matous pardi ! Et les meilleurs !

Le chevalier

Une sorcière ornithologue qui vit dans un marais où les pierres chantent chaque automne a une bien étrange activité, celle de transformer les humains en oiseaux ! C’est ainsi qu’un grand chevalier de la région a été transformé en petit oiseau. Depuis sa disparition, sa fiancée l’attend désespérément au bord du marais. Et les pierres n’ont qu’un souhait, celui de voir la princesse embrasser le petit oiseau sur le bec comme dans les contes de fées. En observant ce petit oiseau, la princesse découvre qu’il n’est autre que son bien aimé …

La légende de Tristan maison rouge

Voici un adorable conte pour enfants écrit par Claude Attard.

Dans un petit village vivait un jeune homme très pauvre qui répondait au nom de Tristan. Il travaillait dur dans la ferme de ses parents, désormais trop âgés pour s’occuper eux-mêmes des bêtes et des champs. La maison qui les abritait tous les trois était très vieille, mais Tristan, qui était un garçon brave et courageux à la tâche, faisait ce qu’il pouvait pour l’entretenir, en plus des nombreux autres travaux qu’il fallait accomplir pour subvenir à leurs besoins.

Jamais il n’avait reculé devant la besogne, ou reporté une corvée, ni baissé les bras face à l’effort. Il avait en outre un assez beau visage, si bien que toutes les demoiselles des environs espéraient attirer son attention. Mais lui ne leur accordait pas un regard, car son cœur était déjà pris. Il l’avait donné à la ravissante Mariette, qu’il avait rencontrée à la foire l’année précédente.

Surmontant sa timidité, Tristan demanda la main de la jeune fille à son père, mais celui-ci déclara que Tristan ne pourrait épouser Mariette que lorsqu’il aurait repeint sa maison, afin qu’elle soit digne d’accueillir sa fille.

Le garçon balançait entre la joie et la tristesse. La joie, puisqu’il avait obtenu la garantie que sa bien-aimée serait un jour sa compagne, et la tristesse, car il était tellement pauvre qu’il ne pouvait acheter de peinture. Il songea à vendre quelque objet, mais il ne possédait rien qui eût de la valeur.

Alors, sa mère lui rapporta l’histoire qui dit qu’au bout d’un arc-en-ciel se trouve un trésor.

« Personne ne croit cette histoire, donc personne ne cherche, mais ces richesses sont bien là, attendant qu’un homme au cœur juste les découvre. »

À compter de ce jour, Tristan regarda les cieux chaque matin, dans l’attente d’une pluie qui serait suivie d’un arc-en-ciel. Le printemps passa, puis vint l’été, avec ses grosses chaleurs. Le quinze août, enfin, tandis qu’on célébrait le rituel de la vierge, éclata le plus terrible orage qu’on ait subi dans la contrée. Il dura plus d’une heure, et lorsque les nuées s’écartèrent, cédant la place au soleil, un magnifique arc-en-ciel traversait la voûte céleste d’un horizon à l’autre.

Tristan se mit en route immédiatement en direction du nord. Il allait d’un bon pas rapide vers le bout de l’arc-en-ciel, mais sans parvenir à s’en rapprocher. Il marcha plus vite, puis il courut, en vain : Chaque fois qu’il avançait, sa destination reculait d’autant. Le pauvre garçon, qui craignait de voir le trésor lui échapper et Mariette unie à un autre, galopait de plus en plus vite, jusqu’à ressentir un vertige. Le temps passait, sa peur croissait, car s’il n’atteignait pas son but avant la nuit, l’arc-en-ciel disparaîtrait, entraînant avec lui les espoirs de Tristan.

Il sentait la fatigue peser sur ses jambes, qui s’alourdissaient. Malgré son épuisement grandissant, il réalisa que, puisque ce qu’il cherchait à rejoindre reculait aussi rapidement qu’il avançait, il était vain d’essayer de le rattraper de cette façon. Il devait s’y prendre autrement et, pour commencer, retrouver son calme.

Tristan s’assit et réfléchit, la tête entre les mains, à ce qu’il convenait de faire. Tandis qu’il s’efforçait de trouver une solution, il entendit un bruit derrière lui. Il se retourna et découvrit un homme richement vêtu, portant une magnifique couronne et un petit sac.

Ce drôle de personnage, qui ne faisait que quinze centimètres de haut tout au plus, lui demanda de dire ce qu’il faisait là. Le garçon, intimidé, raconta son histoire.

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Poème sur une phobie…

Une araignée dans mon jardin

Et je perds tous mes moyens.

 

Araignée du soir

Et je perds tout espoir,

 

Araignée du matin

Et je meurs de chagrin.

 

Dès que j’en vois une

Qu’elle soit noire ou brune

Je suis tétanisée

Complètement paniquée.

 

Je crie, je cours, je pleure

J’ai l’impression que je meurs.

 

Cette peur est terrible

C’est une phobie horrible.

 

Mais une grande passion

Me fait retrouver la raison.

La photographie

Me donne un souffle de vie.

Aussi ma curiosité

Va beaucoup m’aider

A dépasser mes frayeurs

Et ne plus en avoir des visions d’horreur.

 

Araignée, crache tout ton venin

Cela ne sert strictement à rien,

Plus tard, je serai… libre !

–  Nicolas, tu es de nouveau dans les nuages, reprends-toi ! Nous sommes en classe je te rappelle, cesse de regarder par la fenêtre !

  Mais Madame, je réfléchis à votre question.

– Alors donne-moi ta réponse.

Plus tard, je voudrais être un oiseau.

– Un oiseau ? Ben voyons… Tu veux dire vétérinaire ou ornithologue ?

Non, madame, un oiseau. Un Albatros pour être plus précis. C’est le maître de l’océan, le dieu des vents. C’est l’oiseau avec la plus grande envergure, vous le saviez ça ?

– Nicolas, mais tu ne peux pas te transformer en oiseau. Tu peux l’étudier, le suivre, faire des photographies, mais jamais tu ne seras un animal.

Nicolas reste rêveur, il n’écoute déjà plus sa maîtresse d’école. À 10 ans, il est le plus petit de sa classe et parfois certaines moqueries de camarades le blessent.

   Je serai le plus grand…grommela-t-il entre ses lèvres.

Il continue à regarder par la fenêtre. Une Mouette rieuse le nargue en passant et repassant tout près de la fenêtre du dernier étage de l’établissement scolaire.

  Je suis un oiseau… je suis une mouette… je suis un Albatros hurleur ! Oui Hurleur, car je veux crier au monde entier que je ne suis pas le plus petit, je ne suis pas faible, je ne suis pas bête. Je suis Albatros, le maître des oiseaux. Je suis sur une colline. J’avance doucement, de ma démarche maladroite, pour atteindre le bord. Je ne peux pas ouvrir mes ailes directement, car elles sont trop grandes et touchent le sol. Je saute dans le vide. À peine ai-je quitté la terre que j’ouvre mes longues ailes. Je plane très vite, le vent glisse sur mes rémiges, sur mon corps tout entier. Je suis fait pour planer. Il n’y a pas trop d’embouteillage : les Fous sont un étage plus bas, plongeant comme une flèche pour attraper leur poisson, les Goélands n’ont pas encore faim et ils planent juste au-dessus de moi tandis que les Mouettes sont déjà sur la mer à flotter sur l’eau. Rapidement, je trouve une ascendance thermique qui m’élève dans le ciel, je vais bientôt rejoindre mes cousins.

Il fait beau, le ciel est bleu, l’horizon est dégagé. Grâce au vent, je ne dois dépenser inutilement mon énergie, je me déplace lentement mais sûrement. Ma queue fait office de gouvernail, je suis la direction du vent. Il me guide où je veux, quand je veux.

Je commence à avoir faim, je descends toujours aussi lentement. À quelques mètres de l’océan, je plie légèrement mes ailes pour ne pas remonter et atterrir en douceur. Un banc de délicieux poisson s’est formé juste en dessous de moi, je n’ai qu’à plonger légèrement et me servir de mon mets préféré. Ah quelle belle vie. Je dirige tout, je contrôle tout.

Avec mon envergure de trois mètres cinquante, je n’ai même pas besoin de dire qui je suis, tout le monde me reconnaît et me respecte. Même s’il est vrai que j’aime rester à un endroit qui me plait, il n’est pas rare de me voir migrer à la recherche de nourriture et d’un climat plus clément. Parfois je me perds à cause du brouillard ou de vents violents, mais il y a toujours de la nourriture où que je me retrouve. Sinon, je ne reste pas bien longtemps et je repars aussitôt. Cela n’arrive pas souvent, mais j’ai entendu crier un jour un oiseau de mon espèce…il s’était fait tiré par un chasseur fou alors qu’il migrait paisiblement. Ah les humains ! Pour rien au monde, je voudrais leur ressembler.

– Nicolas ! À présent ça suffit, réveille-toi et lis-nous le 1er chapitre de notre nouveau livre : Jonathan Livingston le goéland.

Hein ? Quoi ? Goéland ? Où ça ? Oui Madame, tout de suite Madame.

Un sourire se dessine sur les lèvres du petit Nicolas. Un livre où l’on parle d’oiseaux, ça ne peut être que pour lui. Goéland ou Albatros, qu’importent l’un et l’autre sont symbole de liberté.

Il réfléchit encore deux secondes avant de commencer la lecture. Plus tard, je serai…libre !

Sassi, le serpent sans dent

Il était une fois dans une forêt, un drôle de serpent. Sassi, c’est son nom, est triste depuis qu’il a perdu ses dents de lait.

Sa maman lui a toujours dit de cacher les dents qui tombent, sous son oreiller. Ainsi la petite souris passe, prend la dent et laisse derrière elle un merveilleux cadeau. Mais Sassi adore jouer…aussi à chaque fois que passe une souris, il joue avec elle et l’effraye à jamais ! Si bien qu’à la fin, toutes ses dents de lait sont tombées et qu’aucune souris n’a survécu au passage de l’oreiller. Toutes sont en effet mortes de peur !

Pour le punir de son comportement espiègle, Sassi n’a pas vu repousser la moindre nouvelle dent d’adulte dans sa belle bouche.

Tout de vert vêtu, le jeune Sassi rampe lentement dans la forêt à la recherche de quelque fleur à sucer. Faute de dent, il ne peut désormais plus mâcher quoi que ce soit. Ses maigres repas ne lui suffisent plus. Il se doit de trouver autre chose à se mettre sous les gencives.

Un peu affaibli, Sassi part dans un endroit de la forêt qui lui est encore inconnu. Il ne peut plus supporter les moqueries des autres serpents et le désespoir de ses parents à le voir fuir toute proie succulente.

Très vite, il quitte le territoire familial pour se retrouver dans un drôle de jardin secret. Ici, tout est différent. Il y a plein de couleurs, des cascades qui ruissellent, des nénuphars qui flottent et il y a même de la douce musique dans l’air. Sassi n’est pas habitué. Il a un peu peur de l’inconnu et n’ose s’aventurer plus loin. Caché derrière une grosse plante odorante, il observe tout ce qu’il peut. Les yeux grands ouverts, la langue fourchue bien calée et silencieuse, le serpent vert ne bouge pas d’une écaille.

Comme il n’ose plus bouger, ses muscles s’engourdissent et il s’assoupit.

Non loin de là, Picolo, un étrange écureuil, chantonne une mélodie. Le regard perdu dans les cimes des arbres, il ne voit pas Sassi. PAF ! L’écureuil se prend les pattes dans le serpent. Sassi se réveille en sursaut. Le reptile tente de s’enfuir en rampant sur l’arbre le plus proche. Et Picolo, un peu surpris dans un premier temps par ce prédateur, se cache dans un buisson. Dissimulé de la sorte et en sécurité, l’écureuil observe attentivement la technique de fuite du serpent. Il ne réalise pas immédiatement que c’est la première fois qu’il voit un serpent fuir à cause de lui !

Picolo l’écureuil est né avec des pattes avant bien trop petites et il ne peut grimper aux arbres. Il ne peut pas se blottir dans un petit trou ni faire sa toilette du haut des feuillages en été. Il est condamné à rester au sol et à récupérer le peu de nourriture qui tombe à terre. Souvent il n’a que les restes ou des noisettes de piètre qualité car les meilleurs morceaux sont encore accrochés dans les hauteurs.

Soudain, il vient de voir tous ses problèmes se résoudre grâce à cette chose rampante. Sans prendre le temps de faire connaissance, Picolo hèle Sassi et lui demande s’il peut l’aider. Interpellé par cette question, le serpent cesse de ramper. Il se retourne pour mieux voir son interlocuteur. Tout surpris de voir une petite tache rousse à terre, il descend de son perchoir et tente une approche plutôt timide. Arrivé à hauteur du petit mammifère, Sassi s’arrête net et demande comment lui, un serpent sans dent et sans doute d’aucune utilité, pourrait bien l’aider. Picolo, tout excité à l’idée de pouvoir réaliser son rêve, bondit sur le dos de Sassi.

Étonné mais plus du tout apeuré, Sassi avance lentement et continue de parler. Il est rapidement interrompu et comprend enfin où Picolo veut en venir. Pas du tout habitué à avoir un cavalier sur son dos, Sassi a peur d’être maladroit ou de faire du mal au petit écureuil. Mais picolo s’agrippe fermement à la peau dure et écaillée du serpent.

Très vite, ils sont dans les branches les plus hautes du chêne du jardin. Picolo n’en revient pas de la beauté du paysage qui s’offre à lui. De belles et grosses noisettes empêchent sa vision d’aller plus loin. Son ventre fait du bruit. Il a faim. Sassi aussi.

L’écureuil explique au serpent qu’ils vont devenir les meilleurs amis au monde.

Aussi vite qu’ils font connaissance, Sassi rampe jusqu’aux noisettes, Picolo fait ses provisions et Sassi salive abondamment quant à l’idée du repas qu’il va bientôt avoir.

Alors que l’écureuil savoure patiemment chacune des noisettes cueillies, Sassi, lui, décroche une fleur délicieusement parfumée.

Grâce aux incisives très puissantes de l’écureuil, Sassi va avoir une bouillie de noisettes à la sauce de nectar de rose. Et ce succulent repas n’est qu’un début.

Les semaines passent et les deux compères continuent de s’aider à s’alimenter. Sassi ne souhaite plus du tout quitter ce paradis, surtout depuis qu’il a appris comment les vrais serpents font pour se nourrir : étrangler, envenimer, étouffer, mordre… ! Brrr ! Que de violence, alors qu’il suffit de se trouver un bon ami !