Le criquet et la pomme
Depuis longtemps, je ressens que la nature nous parle. Pas seulement par le chant des oiseaux ou le souffle du vent dans les arbres, mais aussi à travers ces rencontres infimes avec le « petit peuple ailé » : une mésange qui s’approche, un papillon qui se pose, un criquet qui bondit à nos pieds. Ces instants, quand on prend le temps de les vivre, deviennent comme des clins d’œil du vivant. Ils nous invitent à ralentir, à écouter autrement, à recevoir des signes que l’on n’attendait pas.
Ce jour-là, c’est un criquet qui m’a offert une leçon inattendue. Un geste minuscule, presque anodin, mais qui a ouvert pour moi un espace de confiance, de poésie et de symboles. Ce n’est pas un comportement habituel pour un criquet de grimper volontairement sur un doigt humain, encore moins d’y rester plusieurs minutes et de manger un morceau de pomme.
Les criquets sont des insectes craintifs qui fuient instinctivement les mouvements brusques, et ils ne sont généralement pas attirés par l’humain. Cependant, quelques facteurs peuvent expliquer ce comportement :
- Mon approche calme et attentive : Les animaux perçoivent l’énergie, les intentions, et mon attitude non menaçante a pu rassurer le criquet.
- La curiosité ou la faim : Certains insectes peuvent être attirés par des odeurs sucrées ou des substances humides (comme ma pomme).
- Une anomalie ou une exception : Tous les comportements animaux ont des exceptions. Ce criquet pouvait être moins peureux que les autres, ou désorienté.
Signification personnelle ?
Une forme de communication inter espèces, ou un petit clin d’œil de la vie, de la nature ou de mon propre inconscient.
Ce type d’événement a parfois un rôle symbolique : Le criquet est associé dans certaines cultures à l’intuition, la chance ou la guidance intérieure. Le fait qu’il réponde à mon invitation, grimpe calmement et partage un moment de nourriture peut être vu comme une résonance intérieure profonde : ouverture, respect, harmonie avec le vivant.
Ce n’est pas rare que certaines personnes aient une connexion naturelle avec les animaux, y compris les plus petits. On appelle cela parfois une sensibilité animiste, une forme d’attention respectueuse à l’ensemble du vivant.

Le poème
Un pas léger sur la clairière,
Le soleil jouait dans les herbes hautes.
Sous mes pieds, des éclats d’ailes et de silence,
Les criquets fuyaient comme le vent.
Je m’accroupis, le cœur ouvert,
Et dans un souffle presque enfantin,
Je tendis un doigt, juste un,
Vers l’un d’eux, sans croire qu’il viendrait.
« Tu veux grimper ? » ai-je soufflé,
Offrant ma main comme un rocher tranquille.
Il ne sauta pas. Il grimpa.
Lentement, doucement. Comme s’il comprenait.
Une pomme dans l’autre main,
Et un morceau tendu, presque par jeu.
Mais il mangea.
Le criquet mangea le bout de la pomme !
Et dans ce moment suspendu,
Ni peur, ni bruit, ni pourquoi.
Juste une présence, deux vies qui se croisent
Avec un fruit sur le bout d’un doigt.
Cinq minutes d’étrangeté douce,
Où plus rien ne comptait que la confiance.
Un criquet et moi,
À hauteur d’âme.
La fable
Il était une fois, dans une clairière où le silence murmurait aux herbes, une femme qui marchait doucement. Elle ne cherchait rien, sinon à écouter le monde, avec ce cœur rare que les arbres reconnaissent.
Sous ses pas, les criquets bondissaient en cadence, comme s’ils saluaient son passage ou bien se méfiaient, comme tous les êtres minuscules qui ont tant de raisons d’avoir peur.
Mais elle, elle s’arrêta.
Et au lieu de marcher plus loin, elle s’abaissa.
Elle plia les genoux, plia son souffle,
et tendit la main comme une branche tend sa feuille.
— « Viens, si tu veux. »
dit-elle simplement, à un criquet des pâtures.
Le criquet, d’abord immobile,
Sauta… non. Il grimpa.
Pas un bond de fuite, mais un pas vers l’inconnu.
Un choix. Un miracle d’insecte.
Et la main devint promontoire.
Et le doigt, refuge.
Dans l’autre main, une pomme croquée.
Petit bout offert aussi, sans attendre, sans dominer.
Un morceau de fruit partagé,
entre deux formes de vie que tout semblait séparer.
Le criquet mangea.
Et le monde, l’espace d’un souffle,
s’ouvrit comme un livre ancien :
celui que l’on écrit avec le vivant, et pas seulement sur lui.
Alors la femme comprit ou se rappela.
Qu’elle n’était pas venue là par hasard.
Qu’elle portait en elle une ancienne langue,
celle que parlent les cailloux, les brindilles et les ailes.
Et peut-être, ce jour-là, la nature lui rendit un nom oublié.
Celui de Passeur, ou d’Écouteuse, ou de Poète des silences.
Une de ces âmes qui savent que chaque criquet a son mot à dire.
Moralité ?
Ce ne sont pas toujours les grandes créatures qui portent les plus grands messages.
Parfois, un simple criquet peut te rappeler que tu es au bon endroit.
Là où l’on parle aux êtres, et où les êtres… répondent.
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Coucou un moment magique, précieux je ressent de l’émotion aussi quand un animal petit ou grand se laisse toucher, caresser.
Les animaux sentent quand on ne leur veut pas de mal, les animaux nous apportent parfois plus que les humains! Beau poème et jolie fable bisous
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J’ai adoré ta symphonie de vie si bien composée et toute en harmonie avec ce petit criquet sur ton doigt croqueur de pomme…
Je ne crois pas au hasard…
Sensibilité animiste, sans aucun doute…
Ton poème et ta Fable, un plaisir de lecture…
Bisous Cécile et bon WE
Des caresses à tes 4 chatounets
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