Une jeune mésange prend un bain de fourmi. Elle semble vachement apprécier ce nettoyage gratuit. Elle se dresse sur ses deux minuscules pattes, se fait grande et écarte les ailes pour n’oublier aucun endroit.
Une enfant et une adulte que je suppose être sa mère ne remarque pas l’oiseau à terre, affairé à se nettoyer. Je n’ai pas le temps d’immortaliser cette scène de la nature en photo, l’oiseau s’est envolé, les fourmis sont tombées. Il n’y a plus rien à voir. Circulez.
Quelle déception.
Je prends ma voiture pour une destination inconnue. Je me dirige vers un chemin incertain. Au gré de mes envies, vers le destin. Dans la rue à ma droite, qui descend, enfin, normalement, en voiture, on la monte depuis en bas, il y a un feu qui a été installé. Il est orange. Une file commence à se former. C’est déjà arrivé que le sens de circulation, qui est unique en temps normal, soit modifié. Jamais, il n’a été installé un feu pour permettre une circulation dans les deux sens. C’est aberrant. C’est une toute petite rue. Une petite rue étroite et longue de près de 500 mètres (je dirais, à vue de nez), avec une pente estimée à 11 %. Avant d’avoir ma voiture, je la prenais souvent à pied pour retrouver ma maison. En haut de la montée, le rythme de mon cœur dépassait les 150 battements à la minute ! Même si je suis contente d’avoir Titine, ma toto, même si j’apprécie qu’elle ne souffle pas comme un bœuf quand elle arrive en haut, cette montée, à pied, me manque parfois. Il y a un bois qui longe toute cette route et je vois toujours une chouette faune.
Donc ce feu de circulation, étrange. Je n’y pense plus, car voilà que sur l’autre route que je prends, une nationale, limitée à 50 km/h, mais que tout le monde, y compris moi, ne respectons presque jamais pour cause qu’on longe deux parties boisées, il y a aussi un feu mobile. « Mais qu’est ce qu’il se passe ici ? ». Au croisement, une policière fait la circulation. Je freine un peu tard pour l’apercevoir dans mon rétroviseur. Elle s’est mise à un drôle d’endroit. Je ne vois donc pas si elle me dit que je peux y aller. Et j’y vais. Il n’y a personne à ce croisement. Je descends cette route sinueuse. Je n’entends pas de coup de sifflet. C’est que c’était OK. Et là, stupéfaction. Consternation. Dans les arbres, à ma droite, à ma gauche, dont les branches font un pont entre les deux côtés de la route, j’aperçois un pigeon blanc et gris mort, puis un rapace. Ma voiture avance toute seule, je mets souvent le point neutre dans cette descente de près d’un kilomètre. Y a pas de petites économies. Des pigeons morts dans les arbres, j’en vois plein. Impossible à compter. Et, en réalité, ce ne sont pas des pigeons, mais des rapaces. Je crois des Élanions blancs. Je n’en ai jamais vu de mes propres yeux, mais en photos, oui. Ils sont magnifiques. Blanc et gris, avec des yeux rouges. Des larmes roulent toutes seules sur mes joues, inondant brièvement ma vision. Je ne sais plus où regarder. Je connais cette route par cœur, Titine aussi. Elle se laisse descendre sans effort. Un vrai massacre ! Certains oiseaux pendent tristement comme s’ils avaient été lâchés du ciel, comme s’ils étaient tombés inconscients en plein vol. Il a plu des rapaces. Une horreur. Il y en a absolument partout, dans presque chaque arbre.
Je me réveille avec le cœur palpitant trop vite. La gorge serrée, je pleure réellement.
Là, un souhait. Un vœu ardent. Une envie irrépressible : retourner dans ce cauchemar et changer la destinée de ces pauvres malheureux. Rêver que ce n’était qu’un rêve. Souhaiter que les oiseaux se réveillent. Désirer ardemment que je me suis trompée, que ce n’était qu’une illusion. Une simple illusion d’optique.
Mais je n’y arrive pas. Contrôler ses rêves, je l’ai toujours espéré, je n’y suis jamais arrivée malgré la tonne de volonté que j’y mets.
Ce rêve, ce cauchemar, je le dois à une insomnie qui m’a prise vers les deux heures du matin. Ma vessie, tendue à se vider à la moindre pression ou éternuement m’a fait me lever. Mode zombie, je suis allée la soulager. Sans allumer la lumière. Sans chat dans les pattes. J’ai fait ce que je devais faire et me suis aussitôt recouchée, les paupières déjà à moitié fermées. Mais le sommeil m’a fui. Morphée n’a plus voulu de moi. Mon cerveau s’est réveillé malgré mes sommations, mes ordres lâchés et ignorés. Finalement, à force de ne pas lui accorder plus d’importances que ça, les songes sont venus me happer. Et ils me l’ont bien fait payer. Les bougres.
Quand j’ai ouvert les yeux, il était 5 heures passées de quelques minutes. Sachant qu’un rêve, même un cauchemar, ne dure vraiment pas très longtemps, je n’ose calculer la durée de mon insomnie.
Pourquoi avoir rêvé de cet oiseau ? Et pourquoi cette vision de cauchemar ? Les éléments de réponse se trouvent dans ma vie réelle :
- Les tourterelles turques qui ont niché dans l’arbre et dont les bébés ont été dévorés par un rapace. Les tourterelles ont les yeux rouges, du même rouge que cet Élanion.
- En deux jours, deux de mes chats ont essuyé une bagarre et ont été blessés. Le sang frais des plaies de l’un, m’a attristée. Je l’ai bien sûr soigné. Tous les deux.
Pour le reste, le nombre, les positions, les arbres, l’endroit… Je cherche encore. Peut-être l’écureuil roux et le petit hérisson vus écrasés un peu plus haut sur cette route, il y a une semaine, hantaient-ils encore mon esprit nocturne ?

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Coucou, souvent les rêves et cauchemars sont des flashs de ce que nous avons lus, vus, pensé ou fait en journée comme un pot pourris que nous envoie notre cerveau!! Mais parfois cela fait peur tant cela nous parait si réel! Quel beau rapace cet Élanion blanc!Bonne journée
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