Imagine que tu as la possibilité exceptionnelle, unique, de chevaucher un dragon gigantesque !
Raconte cet instant du point de vue que tu souhaites, dans les détails ou de la façon que tu préfères, mais en insérant tous tes sens. (odorat, vue…) Attention, n’en oublie aucun.
Fabienne
Pour les uns c’est un rêve exceptionnel, pour les autres dont moi le pire cauchemar.
J’ai reçu un bon Bongo pour mon anniversaire. Croyez-vous qu’ils m’auraient offert ce que j’aime ? Un bon restau par exemple, un soin thermal, un séjour dans les îles ?
Je n’en ai pas cru mes yeux en ouvrant l’enveloppe :
« Pour toi, rien que pour toi la concrétisation d’un rêve exceptionnel ! l’apogée d’un souhait mirifique, une rencontre à nulle autre pareille…un voyage dans les airs avec Multidragobos ! Le super, hyper dragon qui va t’amener dans les cieux ! Viens vite nous retrouver. il y a déjà une file d’attente ! »
La file d’attente ils pouvaient se la garder. J’étais prête à laisser les autres passer avant moi, à leur céder la place, bref à tout faire pour éviter le moindre contact avec Multidragobos !
Pourquoi pas plutôt un voyage en montgolfière ? Et même en hélicoptère !
Multidragobos attendait son public en pavoisant un maximum, son énorme queue faisait des tourniquets, sa gueule d’enfer crachait du feu, l’écorce verte de ses écailles me donnait le frisson.
Même pas de selle ou quelque chose du même acabit ! Il fallait grimper sur son dos à califourchon, en s’accrochant à son cou rugueux. Beurk !
« Allez Fabienne tu y vas » ??? J’ai grimpé sur son dos, je claquais des dents, mon poil se hérissait…
Multidragobos gratta férocement la terre des pattes, poussa un hurlement féroce (selon moi) et s’envola…d’un coup de queue qui se voulait gracieux.
Nous sommes montés en flèche dans les airs, là en-dessous, le monde était déjà tout petit petit. Je voyais les carreaux multicolores de la gare des Guillemins, La pointe de la Tour des Finances, la Meuse et la navette fluviale toute petite toute petite… Là-dessus Multidragobos opéra un looping sur le pont de Fragnée et manqua d’emporter au passage la perle noire (une des quatre) qui venait d’être placée sur un des tritans. Au secours… !
Mes oreilles bourdonnaient, j’avais des acouphènes, le vent sifflait épouvantablement et le dragon aussi ! j’avais mes bras autour de son cou et je sentais ses écailles me transpercer l’épiderme. Je n’osais pas le caresser de peur de me blesser plus encore et son contact m’était odieux. Et cette odeur qu’il répandait autour de lui pareille à du souffre. Je sentais ma bouche se dessécher. Je pris dans ma poche la petite fiole de péket que j’avais emportée à toutes fins utiles. Ma gorge s’enflamma comme un brasier, je toussai, crachai …Ce cauchemar allait-il finir un jour ?! et Raahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, Boum ! Aie ! Je me suis redressée dans mon lit le cœur battant. J’ai empoigné ma peluche verte, mon dragounet qui m’accompagne depuis ma plus tendre enfance, et j’ai respiré !
Cécile
L’évènement est exceptionnel ! Je viens d’apercevoir, par la fenêtre de mon salon, un dragon ! Il volait bas. J’ai d’abord cru que c’était un héron, un grand, un gros héron !
Le soleil se levait. Le ciel était encombré de nombreux nuages blancs. L’animal m’est d’abord apparu en contre-jour. Pour moi, il était tout gris, d’où ma confusion avec le héron cendré. Puis, l’oiseau a tourné légèrement et c’est précisément à ce moment-là que j’ai remarqué l’absence du long bec de l’échassier. A la place, un museau épais et large.
J’ai réalisé immédiatement mon erreur d’identification. Comment ai-je pu penser observer un héron cendré alors que cette espèce est éteinte officiellement depuis une cinquantaine de saisons !
Le retour des dragons a été annoncé sur tous les réseaux sociaux. Telle une trainée de poudre, cette information a littéralement fait exploser le nombre de réactions tant dans les communautés scientifiques que chez les fanatiques de fantastique.
On n’a pas encore pu, à ce jour, tous les dénombrer ni les identifier clairement. Toujours est-il que cinq espèces différentes ont déjà pu être photographiées dans deux régions distinctes. J’habite dans l’une d’elles et je crois que le dragon qui a survolé ma maison en est une sixième !
Beaucoup de mystères entourent encore leur retour si soudain. On ne sait pas encore grand-chose d’eux, car la majorité de la population ne croyait pas en leur existence. Moi-même, étudiante en sciences naturelles passionnée par les créatures fantastiques en tous genres, je n’y croyais pas trop. Jusqu’à ce jour.
Si je peux penser que certains romans de fiction édités au siècle dernier ont été écrits sur base de faits réels, j’ai bon espoir que l’individu vu ce matin revienne vers moi. En effet, certains ouvrages d’autrefois mentionnent la grande intelligence des dragons. Certaines espèces auraient même un sens plus développé qu’un autre. Si le dragon est né sourd, par exemple, il développe aussitôt une super-vue lui permettant de voir et de se déplacer dans l’obscurité totale. Encore mieux que la vue des chats qu’on dit nyctalope. Si le dragon est incapable de voler, il nage alors aussi rapidement que les dauphins d’avant.
Avant de vous expliquer la raison qui me pousse à croire que je vais revoir ce dragon, il faut que je précise que ces animaux n’ont jamais craché du feu. C’est un mythe ! aucun animal n’a jamais eu la capacité physiologique pour pouvoir émettre la moindre flamme.
Mais, et c’est la raison pour laquelle « on » les chassait, ils ont l’incroyable pouvoir de deviner les sentiments de tous les êtres vivants, humains compris ! Trop gentils, trop empathiques, trop intelligents émotionnellement, ce caractère et cette faculté extraordinaire propre à tous les dragons, a été malheureusement la cause de leur disparition.
Donc, en tant que scientifique, maintenant que j’ai vu de mes propres yeux un vrai dragon, je peux facilement m’imaginer qu’il va revenir vers moi. Voyez-vous, j’ai toujours rêvé de pouvoir chevaucher un dragon, de voler avec lui, contre lui. Pourquoi un dragon et pas un oiseau me demanderez-vous ? Et bien pour la simple raison que seuls les dragons pourraient supporter le poids d’un humain sur leur dos tout en pouvant voler. Les oiseaux sont tous bien trop légers.
Si ce qu’on dit d’eux dans les livres anciens sont vrai, ce dragon a donc senti que j’aimerais voler avec lui. Je n’ai donc plus qu’à attendre.
Mais une question me vient tout à coup. Nous avons évolué, notre technologie a évolué. La médecine, les recherches, notre santé ont évolué. Alors pourquoi pas les dragons ? Si ça se trouve, peut-être qu’ils ont perdu cette faculté de lire nos émotions et nos sentiments pour pouvoir survivre ? Pour qu’on ne les chasse plus ?
Quoi qu’il en soit, je n’aurai réponse à ma question que si le dragon revient !
En parlant du loup, ou plutôt en pensant au dragon, le voilà justement qui revient montrer le bout de ses ailes.
Les dragons ont des ailes comme celles des chauves-souris, on dirait une fine membrane de peau. Fine, mais résistante, tout en gardant une souplesse.
Les dragons, quand ils volent, gracieusement, ne font pas de bruit. D’ailleurs, c’est l’ombre en vol que j’ai perçu, deux fois, et non le son flap flap de ses ailes.
Les dragons ne s’annoncent pas par un cri ou un chant. Ils sont silence. Ils sont respect.
Voilà tout ce que je note dans mon nouveau carnet consacré aux dragons.
Après avoir tourné trois fois dans les airs, à proximité de ma maison et de celles de voisins, je me pose cette question : suis-je sa seule à avoir remarqué ce dragon ? Si ça se trouve, il vient « pour » ma voisine à côté, ou pour les nouveaux voisins en face ! Une légère inquiétude me pince le ventre.
Le dragon vient de se poser sur la cheminée du toit de mes voisins d’en face.
Temps mort. Le temps se fige. C’est à peine si j’ose respirer. Sans me retourner complètement, j’ouvre le tiroir de l’armoire qui se trouve dans mon dos et j’en retire mes jumelles. Mon carnet d’observation ouvert devant moi, j’esquisse un rapide croquis et note ces quelques infos :
- Silhouette d’un gros héron cendré
- Plus massif : poids ?
- Ailes lisses, grises, luisantes. Luisantes ? Bizarre
- A-t-il pris un bain pour que ses ailes brillent ainsi ?
- Museau large, arrondi comme la bouche d’une grenouille
- Yeux verts, non jaune ! ça alors, ils sont orange à présent !! la couleur des yeux change-t-elle vraiment ou est-ce un simple effet d’optique ? raison de ce changement ? reflet ?
Devant les fenêtres de mon salon, un poste d’observation extraordinaire, il y a des arbres, un à gauche et un autre à droite de la porte d’entrée. Entre les deux arbres, rien, c’est l’espace nécessaire au garage et pour garer ma voiture.
Le dragon dont je n’ai pas encore identifié l’espèce s’est posé pile dans mon champ d’observation, entre les deux arbres. Nous sommes séparés d’environ douze mètres. Il est aussi posé à six mètres de hauteur, au-dessus de moi. L’angle et la distance d’observation ne sont pas optimales pour le décrire ni le dessiner parfaitement, malgré les jumelles.
D’un côté, j’aimerais tellement le voir de plus près, le toucher (si j’ose), mais d’un autre côté, je crains de ne plus être la seule privilégiée et j’ai peur pour lui. L’Homme est une créature fascinante aussi, mais elle réagit de manière stupide trop souvent à mon goût.
Je suis occupée à me demander s’il abîmerait ma voiture avec ses griffes s’il venait à s’y poser sur le toit quand mon dragon quitte sa cheminée-perchoir.
Carnet de notes :
- Il décolle aisément et vole facilement, sans à-coups
- Pattes avec doigts très épais et distincts comme celles d’une poule ! griffes énormes !
- Pattes tendues à l’arrière, qui pendent légèrement durant le vol et qui …
INCROYABLE !
24 heures plus tard
- Adaptation ++
- Dragon métamorphe ?
paspossible ! à Si !
Plus le dragon se rapprochait de moi, plus j’avais l’impression qu’il rétrécissait ! Il visait l’arbre devant ma fenêtre, à gauche. Ne me demandez pas comment je le sais, je le sais ! Un point c’est tout. Jamais, je ne l’ai quitté du regard. Jamais ! Et quand s’est posé sur l’une des branches de l’arbre, il était à maximum deux mètres de mes yeux. Le dragon ne ressemblait plus vraiment à un dragon. C’était devenu une sorte de merle ou d’étourneau aux ailes lisses et au bec épais. Il avait la taille d’un merle, en avait les couleurs, les pattes et le bec plus ou moins semblables ! C’était hallucinant !
C’est à ce moment-là que je me suis mise à regretter de m‘être débarrassée de mon appareil photo ! Personne ne voudra me croire ! Après réflexion rapide : je veux que PERSONNE ne le sache ! Il restera mon secret, enfin s’il le veut !
J’ai rapidement compris que ce dragon avait non seulement évolué, qu’il s’était adapté remarquablement aux espèces aviaires encore existantes, mais qu’il avait bien gardé sa capacité à « lire » les émotions et les sentiments d’autres créatures vivantes. Lui et moi, on s’est tout de suite compris.
Intérieurement, au fond de moi, c’était la grande bousculade de questions. Alors, le petit dragon-merle-métamorphe a sautillé de branche en branche et a grimpé plus haut dans l’arbre. Message reçu cinq sur cinq ; je monte moi aussi d’un étage pour aller dans ma chambre située sous le toit. J’ouvre la fenêtre à bascule. La créature me demande d’ouvrir en plus grand. Elle quitte l’arbre en taille merle et pénètre dans ma chambre en taille héron XXL ! Très vite, le dragon réalise qu’il va être coincé dans ses mouvements s’il reste de cette immense taille. Alors il s’ébroue, oui, il se secoue comme le ferait un chien trempé et pffiou le revoilà dragon-héron taille M.
Un vrai caméléon dans tout sa splendeur. Caméléon, mannequin, top modèle ! d’une démarche un peu pataude mais maîtrisée, il se pavane dans ma chambre, fait le tour de mon lit, revient la tête haute, tourne sur lui-même, etc. Pour jouer à ce petit jeu de la séduction, à être aussi fier qu’un paon, cela doit être un mâle assurément.
Carnet de notes :
- comment différencier le mâle de la femelle. L’individu que j’ai en face de moi est un mâle assurément.
Quand le soleil perce entre les nuages et inonde la pièce de lumière, le corps du dragon a des reflets rose et verts ! Voilà pourquoi je l’avais un peu comparé à un étourneau, il en a les mêmes reflets colorés. Dans cette version M, je ne suis pas sûre de pouvoir, ou de vouloir le monter, trop peur de leur blesser !
Tout à coup, un grondement sourd se fait entendre.
Carnet de notes :
- quand les dragons ont faim, leur ventre gargouille comme celui des humains !
- que mange un dragon ?
- combien a-t-il d’estomac(s) ?
- n’a-t-il qu’un seul orifice, comme les oiseaux, pour se soulager (urine et excréments) ?
- rejette-t-il des pelotes de réjections comme les rapaces ou régurgite-t-il des boules de poils comme les chats ?
À ce jour, malgré leur réapparition, il n’existe pas encore de guide d’identification officiel et fiable. Je peux supposer qu’ils ont différents régimes alimentaires selon leur espèce, selon la région où ils vivent, selon leur taille, etc. J’ai devant moi un individu que je suppose mâle, mais d’âge inconnu et de taille et de forme variable.
Je l’invite à se faire un peu plus petit pour que je puisse le porter jusqu’à la cuisine. Là, à l’abri des regards indiscrets de mes voisins, le dragon reprend sa forme moyenne et tâte, sent, touche, lèche, croque dans tout ce que je lui présente !
Carnet de notes :
- combien de temps peut-il rester dans une autre forme/taille ?
- évite-t-il d’instinct la nourriture toxique, les poisons ?
- cela lui fait-il mal, est douloureux de se métamorphoser ?
- peut-il se changer en n’importe quel animal
- peut-il se transformer en objet ? en chose non vivante ?
- se transformer, est-ce inné, dans ses gênes ou bien a-t-il acquis cette prouesse au fil du temps ?
- quel âge à « mon » dragon ?
- est-il ici le seul de son espèce ?
- est-il vraiment né d’un œuf ? à où sont ses parents ?
- quelle serait sa longévité ?
Après avoir dévoré trois pommes, une rouge, une jaune et une verte ; après avoir englouti deux bananes, une jaune et une verte (pourquoi n’a-t-il pas voulu de celle qui était bien mûre ? à cause de son odeur ou de sa couleur ?), après avoir avalé l’entièreté de mon ravier de bonnes fraises rouges et sucrées, mon invité à jeté son museau dans le plat de spaghettis à la sauce tomates !
Carnet de notes :
- voit-il les couleurs ? il n’a mangé que des aliments (sucré et salé) rouges, verts et jaunes !
Après ce sacré mélange de goûts, j’espère qu’il ne sera pas malade ! Pour faire descendre le tout, il a bu… un seau d’eau !
Carnet de notes :
- il doit avoir plusieurs estomacs pour avoir pu avaler tout ça en une fois !
Il était presque treize heures quand il a terminé de manger. Il a bien voulu me laisser grignoter le reste du pain avec du fromage blanc. Repus, il a voleté sur place puis a rétréci pour se lover entre mes mains et s’est endormi aussi sec !
Je l’ai couché dans mon lit. Il a repris sa taille habituelle (XXL), en prenant toute la place du matelas. Il a pioncé près de deux heures. Je l’ai observé, sans m’endormir à mon tour.
Carnet de notes :
- dos et ventre à poils ras, entre bleu et gris
- griffes (rétractiles) de 7 centimètres
- paupières transparentes
- ailes douces et solides, lignées finement, de près, la membrane ressemble à une toile d’araignée
- oreilles minuscules, on dirait rabougries, arrondies vers l’intérieur
- queue lisse, sans voile ni « accessoire » de navigation, c’est un tube allant en s’affinant
- absence de gouvernail ? gouvernail dissimulé ?
Aux alentours des quinze heures, il se réveille. Il semble être plein d’énergie et de vivacité. Tellement vif qu’il se cogne la tête sur le plafond bas et qu’il me donne une baffe avec une de ses ailes. J’en tombe à la renverse. D’un mouvement rapide, il m’aide à me relever en plaçant son museau sous mes fesses, sans me faire le moindre mal.
Il regarde ensuite vers la fenêtre. Il me regarde. La fenêtre. Moi.
Et… je l’ai chevauché ! Et j’ai volé ! Habituée à avoir le vertige, je craignais avoir le mal de l’air. Rien du tout. On est monté si vite, si haut, que j’ai eu très froid et que je n’ai pas eu le temps d’avoir le tournis. Subjuguée. Impressionnée. Épatée. Bouche bée. Une étrange sensation dans le ventre m’a serré les entrailles. Une excitation mêlée à une sensation proche de l’interdit, un soupçon de folie mélangée à une ivresse de bonheur.
Les mots me manquent. Extraordinaire. Oui, enfin, c’était génial jusqu’à ce que je ressente par vibration une crampe intestinale de ma monture ! Une étrange sensation a chatouillé mes mollets et lui a tordu ses boyaux. Sans honte ni aucune gêne, il s’est soulagé en plein vol.
Carnet de notes :
- les dragons font pipi et caca en même temps, en vol si nécessaire (urgence)
- à vérifier : intolérance à un fruit ou à la sauce tomates ?
- ils peuvent souffrir de diarrhée (puanteur puissance 10, j’ai failli m’évanouir rien qu’à l’odeur, je n’ose imaginer ceux d’en bas qui ont reçu ce cadeau malodorant venu du ciel !)
- les dragons, ce dragon a le sang chaud, il adore le soleil, n’aime pas la pluie et s’amuse avec le vent

Image par Parker_West de Pixabay
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Deux belles histoires de dragons.
Bravo les filles
Bises Cécile
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Et bien deux belles histoires et quelle imagination! Je n’ai pas encore eu le plaisir de voir un dragon qui sait!Bonne journée bisous
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🖤🖤
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