Ma voix
Elle n’est plus là
C’est comme si on avait mis un sparadrap ou du scotch tape sur les cordes vocales et scratch, qu’on l’avait arraché d’un coup
Oui comme ça
D’un coup sec
Direct
Et le timbre, le son il est resté collé sur le collant à l’intérieur
Quand je me suis réveillée ce matin, j’ai sursauté, avec de l’air coincé au fond du gosier. Comme quand tu oublies de respirer et que tu te rends compte tout à coup que tu dois faire quelque chose si tu veux pas mourir.
Je croyais qu’on avait mis du sable dans ma gorge (je rêve de vacances à la mer), avec ma salive, ça formait un paquet tout dur et avec plein de grain. Ça se pressait à l’intérieur du larynx. Ça poussait. Ça raclait.
J’ai respiré. Bouche sèche, boule au fond de la gorge. Vivante. Bouchée du nez et bouche fermée, pas étonnant que je manquais d’air. Sans ce réflexe pour happer l’air et je serais morte d’une belle mort comme on dit. Mort dans son sommeil… mais à 42 ans, ce n’aurait pas été sympa. Ma vie aurait été trop courte. Je veux voir mes enfants grandir, je veux encore passer du bon temps dans les bras de mon amoureux. Écouter les oiseaux chanter. Me laisser bercer par le ronron de mes chats. Rire avec mes amies. Vivre tout simplement.
Peut-être que c’est ma voix qui voulait revenir, et que les sons se bousculaient aux portes de mes cordes vocales ? Ils se poussaient. Ils formaient un embouteillage. Un bouchon de sons. Pressés de sortir. Aucune politesse. Agressivité et égoïsme, chacun pour soi ?
Et comme je dormais, je ne savais pas que ma voix voulait revenir. Et je l’ai bloquée dans le fond de mon gosier, je l’ai aplatie avec le pied de ma langue, je lui ai barrée l’accès à la liberté en gardant mes mâchoires bien serrées, bien fermée…
Dépitée, elle a fait marche arrière et s’est à nouveau carapatée dans les méandres de l’oubli. Ma voix a une dent contre moi. Elle a du mal à dire ce qui ne lui va pas. Elle ne sait pas s’exprimer autrement qu’en fuyant. Pourtant, je ne l’ai jamais battue, je ne l’ai jamais forcée à faire ce qu’elle n’avait pas envie. Elle a certes travaillé un peu plus ces derniers temps, mais est-ce une raison pour se barrer comme ça à la moindre pression ?
Faut qu’on parle elle et moi. Faut trouver un terrain d’entente. Un compromis. Faut qu’on soit sur la même longueur d’ondes !

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Quelle superbe façon de parler de sa voix perdue
Bravo Cécile
Biz
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Tu as bien décrit ta perte de voix en y mêlant ton rêve! Incroyable ce que notre cerveaux travaille même quand nous sommes malade!! gros bisous
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