Dixit Nano 2020 : mon histoire grâce à une phrase

Voici mon 3ème texte écrit d’après une phrase inspirée d’une photo du jeu Dixit. Je vais essayer, vu le challenge Nanowrimo, d’écrire tous les jours un petit texte. J’ai 45 cartes du jeu qui m’ont « parlé », j’ai donc largement de quoi écrire ces trente prochains jours.

Pour cette histoire, j’ai eu plus de mal à trouver l’inspiration. J’ai alors pris la carte qui m’a inspiré la phrase « La musique est ma prison » et grâce à l’objet principal qui est sur cette carte et que j’ai pou de vrai à la maison, j’ai trouvé cette idée :-)

La musique est ma prison

Un jour, j’étais encore petit, j’ai voulu voir ce qu’il y avait dans la boîte à musique que maman m’avait rapportée du magasin. La boîte était métallique, ronde, de couleur bleue et elle avait un chapeau rond et rouge en son sommet. Une petite tige en métal sortait de ce chapeau. Au bout de la tige, une petite perle rouge, en plastique. Je me souviens de l’instant magique où maman a pris la petite perle rouge entre deux doigts, puis avec un mouvement du poignet a commencé à tourner la tige métallique. Une musique sortait de la boîte. Au début, je croyais qu’elle sortait du poignet de maman. Plus elle tournait vite, plus vite la mélodie était jouée. C’était toujours la même et pourtant je la trouvais différente à chaque fois.

Un jour donc, j’ai voulu découvrir ce qu’il y avait à l’intérieur de la boîte. Je voulais voir la musique, voir qui jouait ces notes si plaisantes. La boîte semblait bien fermée, un peu comme si son créateur ne voulait pas que l’on découvre le secret de son fonctionnement musical. Il n’y avait pas de vis où de clip que je pouvais soulever pour ouvrir la boîte. Pour le fond, comme pour le sommet, le métal était plié avec minutie et semblait incassable ou tout du moins c’est ce qu’il me semblait d’un premier coup d’œil. Je ne pouvais ouvrir la boîte sans l’abîmer irrémédiablement. Quel dilemme ! Heureusement, j’étais patient et à la lumière du lendemain, j’avais découvert que dans le fond du fond, quand je retournais la boîte dans ma main, il y avait bien deux minuscules vis, pas plus grande qu’une tête d’épingle. Et, quand je penchais l’objet, je discernais un fin liseré rond autour de ces deux vis. Je pris ma patience entre mes dix doigts et m’attaquai délicatement à une première vis. J’ai dû chercher longtemps le bon outil, car à la maison, on n’avait qu’un seul tournevis qui soit assez minuscule pour que son embout rentre parfaitement dans la toute, toute petite croix creusée de la vis. Du haut de mes dix ans, je n’avais pas beaucoup de force pour dévisser la chose aisément. L’embout du tournevis était lui aussi tout petit et ne m’assurait pas une prise agréable entre mes doigts tout fins, tout lisses. Finalement, au bout d’un temps qui m’a paru interminable, deux vis minuscules reposaient la tête sur le sol, juste à côté de ma boîte à musique. J’étais tellement fier d’y être arrivé que je ne me rendis pas tout de suite compte que cela n’avait servi strictement à rien !! En effet, les attaches n’étaient là que pour décorer ou pour renforcer le système de sécurité. J’avais beau glisser mes ongles (ou ce qu’il en restait, car j’ai toujours eu la sale manie de les ronger) tout autour du rond métallique, le fond ne bougeait pas d’un iota. Je sentais les larmes monter dans ma gorge et une certaine impatience me gagner doucement. Las et déçu, je reposai le moulin musical magique sur le sol de ma chambre. Pour ne pas perdre les vis, je les revissai rapidement.

La boîte à musique par terre, je l’observai comme si elle avait vraiment un pouvoir magique, comme si elle était vivante ! Je tournai distraitement la tige métallique pour la faire chanter. Mais le cœur n’y était pas. Après avoir obligé l’appareil à jouer au moins dix fois la même mélodie au ralenti, une ampoule s’éclaira tout à coup dans ma petite tête : les trous ! Oui, tout au sommet de mon jouet, à la base de la tige, il y avait au moins dix trous qui laissaient sortir la musique. C’est par là que j’allais une nouvelle fois tenter de pénétrer l’objet de toute ma curiosité enfantine. Pour ne pas aller trop vite et encore risquer d’être déçu par le probable échec de cette nouvelle tentative, je fis une pause bien méritée.

Il était seize heures, l’heure du goûter. En chaussettes, je descendis les escaliers en bois de la maison et me glissai dans la cuisine comme une petite souris. Papa était encore dans son bureau aménagé dans la cave et maman parlait avec mamy au téléphone. Autrement dit, j’avais la cuisine pour moi tout seul, certain d’être tranquille pour les prochaines dix minutes. J’ouvris la porte des biscuits et des ingrédients pour faire de bons gâteaux et autres pâtisseries. Hier, maman et moi on a fait un délicieux cake à la banane et aux pépites de chocolats. Je n’ai pas pu en manger, car il était encore un peu chaud et c’était déjà l’heure du souper. Mais moi, j’aime quand la pâte est encore tiède et le chocolat fondant dans ma bouche. Je coupe un morceau du cake, rajoute discrètement une cuiller à café de pépites de chocolat (chocolat noir, au lait et blanc, le trio gagnant) et le passe au four cinq minutes. Mila, mon chat, tourne autour de moi en pensant que c’est pour elle. Le temps que mon cake se réchauffe et que les pépites aux trois chocolats commencent à fondre, je prends mon chat dans les bras pour lui faire un gros câlin.

  • Ah, ma petite Mila, si seulement tu pouvais m’aider à ouvrir cette boîte à musique, je serais le garçon le plus heureux de la terre.

Je lui dis ça comme je dirais une formule magique ou un mantra. Je la caresse, elle ronronne, j’émets ce vœu silencieux en m’imaginant que je parviens à ouvrir la boîte et que je découvre le secret de sa musique magique.

Un paquet de ronrons plus tard, c’est-à-dire une poignée de minutes, Mila s’échappe de mes bras et j’éteins le four. Avec une manique, je prends ma part de cake à la banane. Je souffle à peine dessus, pour pas que le chocolat brûle mes lèvres, et mords à pleines dents dans ce moelleux chocolaté et fruité.

  • Huuummmm, trop bon, trop doux.

Dans la tasse que j’avais préparé, je verse du lait de soja dedans. Je trempe un bout du cake dans le lait, déguste avec un plaisir non dissimulé le mélange du cake, de la banane, des pépites de chocolat, trois saveurs je vous rappelle, et du lait. Le tout fond dans ma bouche. Mon impatience à ouvrir la boîte à musique s’envole comme par magie. Je récupère un peu de patience, un peu de bonne humeur et un soupçon de joie énergique. Après sept bouchées du cake, oui je les ais comptées, je m’en retourne dans ma chambre, gonflé à bloc pour affronter mon problème que je ne considère plus comme une épreuve insurmontable.

A chaque marche d’escalier que je monte, je me dis « je vais y arriver, je vais y arriver. Je vais rentrer dans cette boîte à musique et m’émerveiller. Oui, je vais y arriver, je vais y arriver. » L’ascension jusque dans ma chambre me prend un peu plus de temps, car je tiens absolument à me répéter tous ces mots à chaque marche. Mila, mon chat, me suit comme un petit chien. Elle n’est plus toute jeune, et est donc toute contente que je monte aussi lentement qu’elle. Je la laisse me coller. Si elle ronronne encore très fort, elle ne miaule presque plus. Elle et moi, on s’entend super bien. Je ne suis donc pas surpris quand elle se frotte à ma boîte à musique dès qu’elle entre dans ma chambre. Elle penche la tête vers le sol et frotte ses joues, son front et son museau sur l’objet de métal. Avec ce frottement, mon moulin glisse sur le linoleum. J’arrête sa progression avant que Mila ne le pousse sous mon lit. Je m’assois en tailleur, caresse ma meilleure amie ronronnante et attrape mon jouet. Un peu rêveur, je caresse les petits trous au sommet de la boîte à musique.

Tout à coup, mon index qui passe sur chacun des trous devient tout mou, s’étire et rentre par un trou !

  • AAAaaah ! Je crie de surprise en enlevant mon doigt.

Celui-ci a retrouvé toute sa forme et sa normalité. La surprise passée, je touche mon doigt, je le frotte, je le pince histoire d’être certain que j’ai rêvé. D’un regard interrogateur vers le moulin, c’est avec un sourire malicieux que je renouvelle rapidement le geste. Mon index passe au-dessus des trous et puis, hop, pffffuiiit, il rétrécit, devient tout mou, s’allonge. L’étrangeté de la situation s’amplifie et c’est à présent toute ma main droite qui se trouve dans mon jouet ! Oui, DANS la boîte à musique !! Cela ne me fait pas mal, c’est comme des picotements, comme quand je reste assis avec une jambe sous mes fesses quand je mange, elle s’endort rapidement et donne des picotements pareils à ceux-ci.

Je retire ma main pour être certain que je ne crains rien, que l’opération est renouvelable à souhait. Je me lève et ouvre la porte pour entendre maman parler à mamy. Elles en ont des choses à se raconter ! Je cache ma bouche avec ma main magique pour pas que maman m’entende rire. Mila est restée à côté du moulin. Je referme la porte et court m’asseoir en tailleur à côté de mon chat. Rassuré par le temps qu’il me reste avant que maman vienne me voir dans ma chambre, je passe une troisième fois mon index droit sur les petits trous de mon jouet et hop ! cette fois-ci, plus franchement, c’est tout mon bras, puis mon épaule droite, ensuite ma tête, mon autre épaule, tout mon bras gauche et enfin mon corps entier qui passe dans ma boîte à musique !!

Il fait sombre là-dedans. Il me faut un temps certain avant que mes yeux s’habituent à l’intérieur de la pièce. Je me déplace en tâtonnant partout, marchant centimètre par centimètre, les bras tendus pour ne pas heurter quelque chose. Enfin, je distingue des ombres, des contours, des formes. La pièce est quasiment vide hormis un objet rectangulaire, aussi en métal, au centre de la pièce. Juste au milieu du rectangle, un cylindre métallique avec de petits picots dans la même matière repose tranquillement. A l’une des extrémités du rectangle et du cylindre, des petites dents de peigne, aussi en métal, touchent les petits pics. Ce serait donc ça qui fait la musique quand on tourne la tige métallique de mon jouet ?

Pour me donner raison, Mila qui est restée « dehors », tend une patte et tourne la petite tige métallique de ma boîte à musique !

« CLING », aïe ! Le bruit est assourdissant ici !

  • Merci Mila, tu as raison, c’est bien ça qui fait la musique, mais par pitié arrête, je vais devenir sourd.

Le temps s’écoule de la même façon, dans et hors de cet instrument. Il est bientôt dix-huit heures quand j’entends maman monter les escaliers et m’appeler. Tous les sons sont amplifiés ici à l’intérieur. Bien sûr, j’ai essayé de sortir de là, mais je n’ai pas encore trouvé la formule magique pour cela ! Je n’ose pas le dire à maman, elle risque de défaillir.

Quand j’entends la porte de ma chambre grincer, je sais que c’est elle qui l’a ouverte.

  • Maxime ? Tu dors mon grand ? C’est bientôt l’heure du souper. Tu veux… Maxime ? Maxime !

Oups, la troisième fois qu’elle m’appelle, son cri s’est abîmé dans sa bouche. C’est le stress, l’inquiétude de ne pas me voir. Mila se relève alors et va se frotter à ses chevilles.

  • Tu sais où il est ? Hein dit Mila, tu sais où Maxime se cache ?

Maman a toujours parlé à Mila. À Mila et à tous les chats qu’elle croise dans la rue, qui passe dans notre jardin… Je crois qu’aucun ne lui a jamais répondu, mais là, j’en reste sans voix !

  • Il est ici ? Dans sa chambre ? M’enfin ma puce (Mila est un grand chat style Main Coon, mais maman l’a toujours appelée « ma puce »), tu vois aussi bien que moi qu’il n’est pas là. Ou alors, il se cache fort bien !

Mila a miaulé très brièvement, je l’ai à peine entendu, un murmure de miaulement, un chuchotement de miaulement. Puis elle s’est dirigée vers la boîte à musique et s’est frotté dessus. Maman a pris machinalement la boîte dans ses mains. D’un automatisme, elle a fait tourner la tigette métallique pour faire chanter la boîte. J’ai aussitôt enfoncé mes doigts dans mes oreilles pour atténuer le vacarme, pour pas que mes tympans ne crèvent sous le bruit intense. Dans le mouvement, dans les mains de maman, la boîte a penché et j’ai été propulsé dans un coin arrondi de la boîte enchantée. Je pouvais voir le décor de ma chambre et Mila bondir pour attraper les notes de musique qui s’échappaient du jouet ! Le chat qui est plus âgé que moi, qui a de l’arthrose aux pattes, fait des bonds prodigieux pour attraper chacune des notes qui s’envolent. Et une par une, le félin englouti la musique jusqu’à ce que la boîte soit vide ou que maman arrête de tourner la manivelle.

  • Maxime ! Montre-toi, arrête de te cacher, ce n’est plus marrant. Tu me fais peur !

Je n’ai pas le temps de répondre, Mila a mal au ventre et régurgite toutes les notes de musique par terre ! Chacune des notes avalées se trouvent par terre, étalées et inertes. Noires et muettes.

Je vois bien au silence de maman qu’elle ne sait pas comment réagir, ni que faire. Alors dans le silence revenu, j’ose l’appeler :

  • Maman ? Je suis là, dans la boîte à musique que tu tiens entre… Aaaaah !

Maman a pris peur, elle m’a laissé tomber, moi son fils, enfin la boîte qui renferme son fiston ! Heureusement, plus de peur que de mal, j’atterris sur mon lit moelleux.

  • Maman, n’ai pas peur. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais je suis bel et bien coincé dans cette boîte à musique. Tout ce que je voulais, c’était voir comment c’était fait à l’intérieur.
  • Maxime ? C’est bien toi mon chéri ? Oh ! Tu sais pourtant que je te l’ai toujours dit : la curiosité est un vilain défaut ! Maintenant la boîte à musique est ta prison, c’est malin !
  • Mais… Maman ! Tu ne sais pas m’aider ? Me guider ? Me sauver ?
  • La magicienne dans cette maison, ce n’est pas moi ! Demande à ton chat !
  • Mi… Mila ?

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Auteur : ecrimagine

La lecture, l'écriture, la photographie et l'observation de la nature, sont pour moi de bonnes sources d'apaisement, de relaxation, d'imagination, d'évasion, de partage, de découverte,...

2 réflexions sur « Dixit Nano 2020 : mon histoire grâce à une phrase »

  1. Quelle histoire !!! Quelle imagination ! Pauvre Maxime, bien curieux, enfermé dans une boîte à musique.
    Et Mila, la chatte magicienne va-t-elle pouvoir le faire sortir de là?
    Bravo !
    Bises Cécile

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