dans ma main, atelier d’écriture

Avant le confinement, j’avais commencé un atelier d’écriture à la bibliothèque de mon quartier. L’animatrice, Jacqueline Leyder a poursuivi et motivé « sa troupe » sur la plateforme padlet. Malheureusement, j’ai énormément de mal à me faire à cette plateforme et je n’ai plus poursuivi nos échanges là-bas.

Néanmoins, j’ai adoré écrire ce petit texte ci-dessous. Il y a deux versions :
La première, grâce à un poème pioché au hasard parmi d’autres, on devait choisir un petit extrait (quelques mots, une ou deux phrases) et démarrer un texte en incluant cet extrait, au commencement ou en intégrant comme on préfère les mots ou les phrases.
La deuxième version consistait à jouer avec notre premier texte, mais en y enlevant tous les verbes. Cela a été un vrai challenge pour moi et je suis plutôt contente du résultat :-)
Malheureusement, je ne retrouve plus ma feuille avec tous les poèmes pour identifier leurs auteurs.
J’ai donc mis en rouge, les mots et phrases que j’ai choisis… dans 2 poèmes.

VERSION 1

Ce matin, j’avais mis quelques miettes de poèmes dans ma main, comme on attire les pigeons. Attiré par cette promesse de trésor roucoulant, un vers s’était posé naturellement dans ma paume.

Mon autre main était venue par-dessus et formait ainsi un dôme, un bouclier pour vers naissant. Un bouclier ou une armure en peau de mots, renforcée, pour le préserver. Le préserver, le nourrir, le voir grandir, mais aussi pour le protéger. Le protéger de tous les doutes, de tous les jugements, de tous les dangers assurément.

Je n’avais pas encore terminé de l’admirer, qu’un premier ennemi venait d’arriver. Celui-ci émergeait de ma manche ! Ma manche qui couvrait mon poignet et d’où sortait, comme par magie, un insecte étrange.

C’était un insecte minuscule, qui dépassait de mon pull. Une bestiole ridicule, un atome, une molécule. C’était un point rouge doté de pattes, couleur d’hémoglobine, infime goutte de sang, odeur putride d’urine. Avec ses iris noires comme la mort, l’insecte semblait me défier du regard. Il avait levé une patte, fermé ses mandibules et sous mes yeux étonnés, il s’était carapaté.

Un instant plus tard, une patte levée en l’air, comme figée dans le temps, l’insecte à présent recroquevillé semblait ne plus vouloir bouger. Il était comme absent, mais néanmoins bien présent, comme lorsque nos pensées se perdent dans la voûte du ciel étoilé.

Dans ma paume, sous le dôme, le vers n’était pas fier. Il connaissait cette bestiole minuscule, cet insecte ridicule. Il n’était pas le seul de la sorte. Le vers, sans en avoir l’air, l’avait déjà mis à la porte. La frontière entre leur deux mondes était fine. Tapis dans l’ombre, l’insecte pourpre se régalait des hésitations du vers gringalet. Plus le vers était incertain, plus l’insecte prenait de l’embonpoint.

Ce matin-là, j’avais fait un choix : quand le vers s’était blotti au creux de ma main, d’un revers j’avais envoyé valdinguer la bestiole minuscule, loin. Très loin. Une chiquenaude avait suffi à clore ce curieux épisode.

Dans le brouillard de ma mémoire, la lumière avait fini par me donner un espoir certain.

VERSION 2 : sans verbe

Quelques miettes de poèmes dans ma main. Dans ma paume, un vers.
L’autre main par-dessus. Un dôme, un bouclier pour vers naissant, pour un nouveau-né.
Armure en peau de mots. Renfort, préservation, cocon pour évolution.
Nourriture, abri, protection.

Non aux doutes. 
Non aux jugements.
Non à tous les dangers.

L’ennemi puissant. Insecte étrange. Ravageur. Insecte minuscule. Bestiole ridicule. Un atome. Une molécule. Un point rouge sur des pattes. L’ennemi de l’imaginaire.
Le grand-méchant, tout puissant, du vers. Couleur d’hémoglobine, infime goutte de sang, odeur putride d’urine. Des iris noires comme la mort. 
Puis, un regard, un défi. Une réaction à l’opposé ; yeux étonnés, mandibules fermées. Statue. Immobilité bien gardée. Étrangeté.

Pas de confiance, mais de l’espoir.
Pas de l’espoir, mais de la volonté.
Pas de volonté, mais de la réaction.

Le choix du matin, le vers au creux de ma main, la bestiole minuscule, d’un revers de l’autre main, chiquenaude au loin. Très loin. Plus d’ennemi. Ouf !

Dans le brouillard de ma mémoire, illumination d’un espoir certain.


En savoir plus sur Écrimagine

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Avatar de Inconnu

Auteur : ecrimagine

La lecture, l'écriture, la photographie et l'observation de la nature, sont pour moi de bonnes sources d'apaisement, de relaxation, d'imagination, d'évasion, de partage, de découverte,...

Une réflexion sur « dans ma main, atelier d’écriture »

Laisser un commentaire