Voici le texte que j’avais écrit pour le concours lancé par la Maison de la Francité. Le thème était : « si j’étais magicien ».
Poésie mon amie
Les vacances commencent mal. Mon petit frère, William, qui va bientôt avoir six ans, a dû rentrer à l’hôpital.
Cela fait maintenant cinq jours qu’il ne dort plus à la maison. Maman non plus, elle reste avec lui là-bas. Je suis seule avec papa et nous allons lui rendre visite tous les après-midi.
Cinq jours, c’est peu et très long à la fois. Ne plus le voir, ni lui, ni maman, fait un grand vide en moi.
Je m’appelle Noémie et j’ai neuf ans. Plus tard, je voudrais être poète, car j’aime donner le sourire aux gens, même quand ils sont tristes. Maman dit que je suis très douée.
Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire quelque chose pour mon petit frère, mais les mots n’arrivent pas. Ils doivent pleurer eux aussi.
À la maison, j’aime me disputer avec lui, William. On joue souvent à la bagarre, même si maman préfère qu’on s’occupe autrement. Je suis toujours la plus forte, la plus grande !
À l’école, je le protège, je fais attention à lui, j’épie tous ceux qui l’embêtent. Après tout, c’est mon PETIT frère.
À l’hôpital, quand je le vois dans son lit, j’ai envie de me cacher. J’ai peur et je suis trop triste pour le regarder.
Je ne sais pas quoi lui dire, ni quoi faire pour qu’il n’ait plus mal, pour qu’il ne souffre plus.
Je ne suis pas un médecin, je ne suis que sa grande sœur… une grande sœur qui se sent horriblement inutile.
Le septième jour, j’ose parler à maman :
– Mais qu’est-ce qu’il a ? C’est quand qu’il rentre à la maison ? Il va mourir ?
Je vois dans son regard qu’elle ne veut pas me répondre, ses larmes sont de nouveau là et elles vont bientôt inonder ses joues.
C’est papa qui réagit, tout bas, presque comme s’il avait peur de réveiller William :
– Ton frère a un très gros microbe dans les poumons. Il ne peut presque plus respirer. On ne sait pas quand… quand
Papa ne finit pas sa phrase, il a trop mal, il pleure aussi beaucoup tout à coup.
Je comprends que c’est très grave. Et c’est là que je m’en veux d’avoir été si méchante, avant, avec lui, mon petit frère adoré que j’aime très fort.
Soudain, je sens quelque chose en moi. De minuscules papillons volent dans mon ventre. Des hérissons piquent tous les bouts de mes dix doigts. Le sol n’arrête pas de bouger de place. Mon cœur déborde de sentiments indescriptibles.
Je dois écrire, je veux mettre par écrit toute cette tristesse, cette peur, cette douleur.
Dans mon petit carnet que j’ai toujours avec moi, mon stylo-plume traduit mes idées bousculées :
William est à l’hôpital,
Il souffre, ça lui fait très mal.
On ne le dirait pas, car il semble sage
Mais des tuyaux défigurent son visage.
Il a un vilain microbe dans ses poumons,
Qui empêche de respirer ce gentil garçon.
S’il vous plait, il doit guérir,
Je veux retrouver son sourire.
C’est mon petit frère,
Donnez-lui de l’air !
Puis, dès que je relis ce poème qui est sorti de mon cœur en peine, je suis prise de colère quand je vois le mot « microbe ». Alors, de mon bic à quatre couleurs, j’appuie sur le rouge et je barre, je barre, je griffonne, j’écrase, j’efface, j’enlève ce vilain mot, celui qui est responsable de tous ces maux.
Lorsque mes larmes mouillent mon carnet et qu’un trou se forme à la place du microbe, je m’arrête. Je me sens plus légère. J’ai l’étrange impression d’avoir été libérée de quelque chose. Le sol a cessé de tanguer, les hérissons sont partis et les papillons se sont posés sur le tapis de mon estomac endolori. Je transpire, une vague de chaleur monte en boule jusque dans ma gorge. J’ouvre grande ma bouche pour aspirer une goulée d’air frais.
Au même instant, William tousse. Immédiatement, il enlève le masque qui lui donne de l’oxygène, et de sa voix essoufflée demande :
– Maman ? Pourquoi tu pleures ? Où ce qu’on est ?
Alors qu’il était inconscient, assommé par une forte fièvre, mon petit frère revient à lui ! Subitement, il est dans notre monde… Or, tous les médecins pensaient qu’il n’allait jamais se réveiller parmi nous !
Juste après, maman crie de joie, et papa cherche une infirmière.
Dans le couloir, j’entends des pas pressés. Papa entre dans la chambre avec la dame qui nous a accueillis à notre arrivée.
Celle-ci prend la température de William et jette des regards sur les chiffres de l’écran. Et c’est précisément sur cette machine que mes yeux sont rivés, comme hypnotisés par l’image d’un petit cœur qui bat encore rapidement, mais régulièrement.
– On dirait qu’il va s’en remettre, répond l’infirmière soulagée d’annoncer une bonne nouvelle.
Elle indique que le médecin ne va pas tarder à venir examiner complètement William, car son rétablissement est si soudain qu’elle ne voudrait pas nous donner de faux espoirs.
Le soir, on nous promet que nous pourrons à nouveau être quatre à la maison, très bientôt. Les spécialistes le gardent encore une nuit et une journée pour simple contrôle, et en attente des résultats de la dernière prise de sang.
Demain, je reviendrai à l’hôpital et je me faufilerai dans une autre chambre pour voir si mes mots ont vraiment ce merveilleux pouvoir de guérison.
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Merci Annick ! je vais voir si l’inspiration est avec moi, chez toi :-)
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quelle belle histoire
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Tu es magicienne des mots, émotion !
Une petite proposition sur mon blog, si tes mots veulent s’y risquer ???? :-))
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merci Emma. A bientôt, douce soirée
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Merci maman, je l’aime aussi beaucoup, dommage qu’il n’aie pas été sélectionné. Je t’envoie un mail tantôt avec les photos de la fête des enfants bizz
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Coucou Elo,
Normal pour ton comm, pour la toute première fois, il faut que je le valide, après no soucis ;-) merci à toi pour ta visite et commentaire. Bon week-end,
Bises bisous
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J’ai adoré !!!! Mon com’ ne veut pas s’enregistrer… Mais MERCI infiniment et surtout une pensée pour les enfants hospitalisés…
Bisous tout plein.
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quelle belle histoire, Cécile, même pour les grands, merci
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